Après la décision à l’unanimité du conseil municipal d’accueillir une famille de migrants, un rassemblement « spontané » a réuni une centaine de personnes le samedi 3 octobre derrière une grande banderole « Les nôtres avant les autres »...
Charleval fut le site d’une des plus grosses usines de l'Eure, fabrique de joints de caoutchouc pour l’industrie automobile. Au fil des ans, des changements de nom et de la pressurisation par PSA et Renault, elle a connu plan de licenciement sur « plan de sauvegarde de l’emploi », au point de ne plus être que l’ombre d’elle-même. Une usine où des milliers d’ouvrierEs de toutes origines ont fait l’expérience de la lutte et de la solidarité, mais où la capacité collective de riposte a peu à peu été laminée.
Le triste bilan des directions nationales qui ont laissé tant d’équipes syndicales se débrouiller, désemparées, le dos au mur. Une condamnation sans appel des gouvernements de droite dure ou de gauche molle, des libéraux de l’éventail sarkozo-hollandien, qui ont organisé chômage et précarité de masse.
Contre le rejet, le combat pour la solidarité
Le résultat, sur cette terre historiquement « rouge » ? Montée des peurs et des égoïsmes, rejet de « l’autre », et aujourd’hui, les ennemis les plus déterminés de la lutte solidaire de celles et ceux d’en bas qui ramassent la mise. Dans ce rassemblement « spontané », des drapeaux tricolores et normands, une banderole – fameuse – qui n’était autre que celle du Bloc identitaire normand (dont le logo n’est certes pas connu de tout le monde), et un mégaphone qui n’est pas non plus apparu par hasard. Au point que même le représentant cantonal du FN était dépassé…
Dans ce contexte dégradé, le combat pour la solidarité n’est cohérent que s’il s’accompagne de la lutte pour un emploi et un salaire pour touTEs, la réquisition des logements vides, l’expropriation des grands groupes. C’est tellement plus facile de tenter d’empêcher les victimes d’un ordre international injuste de trouver où se réfugier !
Correspondant