Publié le Mercredi 3 avril 2019 à 11h58.

Contre la romophobie

Dans la nuit du 25 au 26 mars, et pendant plusieurs jours, des Roms ont été poursuivis et violentés dans une dizaine de villes en région parisienne. Une rumeur affirmant qu’ils circulaient à bord de camionnettes blanches afin d’enlever des enfants semble avoir été le déclencheur de ces tentatives de pogroms.

À entendre les discours dominants, les seuls coupables de ces actes racistes seraient « la rumeur » et « les jeunes des banlieues ». Et les sommets de l’État de s’émouvoir qu’une telle barbarie puissent avoir cours en France. Quelle hypocrisie ! Car dans l’Union européenne et dans les différents États qui la composent, le traitement réservé aux Rroms est -scandaleusement discriminant.

Racisme d’État

Lorsqu’un pays européen entre dans l’UE, ses ressortissantEs accèdent immédiatement aux droits des citoyenEs européens. Sauf ceux et celles de Bulgarie et de Roumanie, pays entrés dans l’UE en 2007, contre lesquels des mesures transitoires ont été inventées, au gré des États membres. Jusqu’en 2014, 10 États dont la France ont ainsi imposé des restrictions discriminantes sur l’accès au travail : au bout de trois mois, les personnes étaient expulsées si elles n’avaient pas de travail. Emplois d’autant plus difficiles à obtenir que le nombre de chômeurEs est important et qu’un certain nombre de métiers sont interdits aux migrantEs, qu’ils doivent avoir un titre de séjour, une autorisation de travail et que l’employeur doit payer une taxe de 805 euros par an pour un salaire au SMIC… L’État français a été condamné en février 2012 pour sa politique raciste par le Conseil de l’Europe. Ce qui n’a pas empêché l’expulsion de 12 800 RoumainEs et Bulgares cette même année. Et 10 000 à 15 000 personnes survivent toujours dans plusieurs centaines de bidonvilles sur l’ensemble du territoire.  

Discours racistes et absence de droits 

Cette politique s’accompagne de textes et discours racistes, parfois à caractère fasciste. Petit florilège : « péril errant » (Sarkozy), « Ils ont vocation à retourner chez eux » (Valls), « Comme quoi Hitler il en a peut-être pas tué assez hein » (Bourdouleix, maire de Cholet), « Pour leur faire payer leur séjour on pourrait leur arracher leurs dents en or et les vendre » (Sinisi, conseiller municipal à Fontaine)... S’ajoute aux politiques racistes la privation de tous les droits : la Cour européenne des droits de l’homme a condamné six fois la France pour non-respect des droits des Roms à la santé, à l’assistance sociale et médicale, à la protection, à l’éducation, au logement. En vain. Le traitement particulièrement stigmatisant et le discours politique raciste contre toute la population rom visent à la déshumaniser, la rendre barbare. La chasse aux Roms est ouverte, avec son lot d’actes racistes voire de pogroms, qu’il faut évidemment condamner et combattre, d’où qu’ils viennent.

Répondre politiquement

Nous combattons tous les racismes, d’où qu’ils viennent et qu’elles qu’en soient les victimes, sans hiérarchisation. Le racisme est utile à Macron et à son gouvernement pour stigmatiser les pauvres par catégorie (les jeunes de banlieue, les Roms, les musulmanEs, les chômeurEs…) et nous diviser. Pour nous éloigner du seul enjeu qui vaille : la lutte contre sa politique au profit des riches. 

Il faut au contraire « nous unir pour ne pas subir »1, renforcer nos solidarités, nos rencontres, la protection des victimes, imposer avec tous et toutes les discriminéEs nos droits, comme celui au logement pérenne et digne, au travail, à l’éducation. En gagner de nouveaux, comme la liberté de circulation et d’installation, l’ouverture des frontières. 

C’est une lutte quotidienne aux perspectives immenses : abattre ce système qui nous détruit et inventer un monde pour nous tous et toutes !

Roseline Vachetta

  • 1. Communiqué du FUIQP suite aux récentes agressions romophobes.