Publié le Jeudi 16 février 2023 à 08h00.

Du racisme ordinaire à la violence sans borne

À Villeron dans le Val-d’Oise, un camp de roms a été attaqué dimanche 5 février par des habitants, en marge d’une manifestation. Les Roms se sont enfuis, apeurés, sous le regard des gendarmes présents. Depuis, ils ont quitté les lieux pour un autre campement dont l’adresse est restée secrète.

D’après Mediapart, il semble que le maire, Dominique Kudla, ait lui-même encouragé ses administréEs à de tels actes. Depuis l’installation de la centaine de familles roms début octobre 2022, il avait mis de l’huile sur le feu en fustigeant, par exemple dans un édito « les dérives du nomadisme destructeur de la communauté Roms ». Le 29 janvier, il avait orchestré une intimidation.

Ainsi début février, 200 habitants de Villeron se sont crus autorisés à manifester devant le campement. Trouvant insupportable cette occupation de leur bois — « Pas dans mon bois », auraient-ils pu dire, comme d’autres déclarent « Not in my Back Yard » —, se considérant comme les seuls légitimes à s’y promener et à y vivre, ils ont fait preuve de « tolérance zéro ». « Dehors les Roms », « Villeron n’est pas une poubelle » ou encore « Aux armes ! » ont entendu les journalistes sur place.

Et une dizaine d’entre eux sont allés casser les cabanes, menacer et lancer des pierres à la vingtaine d’adultes et la quinzaine d’enfants roms restés sur place.

Le maire a ainsi obtenu ce qu’il voulait : le départ des Roms du bois de Villeron. Par la force. Sans attendre l’issue de la procédure engagée à sa demande par l’agglomération de Roissy-en-France.

Les associations de soutien aux Roms ont rappelé dans un communiqué du 8 février que selon l’article du code pénal « le fait de forcer un tiers à quitter le lieu qu’il habite à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».

Ce passage à l’acte, ignoble, est un signe de sauvagerie. On ne s’en étonnera guère à l’heure où Darmanin veut rendre « la vie impossible aux étrangers sans-papiers » et où le discours d’Éric Zemmour se répand comme la peste…

Une plainte a été déposée pour menaces et destruction de biens.