Publié le Mercredi 10 janvier 2018 à 16h33.

« Délit de solidarité »

Le 8 janvier a commencé à Nice le procès de Martine Landry, militante d’Amnesty International France, Il lui est reproché d’avoir « facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière ». Elle risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Cette responsable d’Amnesty International avait aidé, l’été dernier, deux mineurs guinéens illégalement expulsés vers l’Italie.

« C’est la première fois en France qu’une personne est poursuivie pour ses actions dans le cadre d’une mission d’Amnesty », s’inquiète dans l’Humanité Jean-François Dubost, responsable du programme Protection des populations au sein de l’ONG. « C’est très grave et cela s’inscrit dans une politique répressive généralisée à l’égard des personnes solidaires des réfugiés. »

Comme l’explique Amnesty International, le 28 juillet 2017, la police italienne a renvoyé, à pied, deux mineurs étrangers isolés vers la France. Martine Landry les a récupérés au poste-frontière Menton/Vintimille, du côté français, pour les accompagner à la Police aux frontières (PAF), munie des documents attestant de leur demande de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Les deux mineurs, tous deux âgés de 15 ans et d’origine guinéenne, ont par la suite été pris en charge par l’ASE.

À la frontière française, la législation relative à la protection de l’enfance n’est pas respectée : les enfants sont renvoyés au même titre que les adultes, de façon expéditive et sans possibilité d’exercer leurs droits ni même d’être accompagnés.

Comme le déclarait en fin de semaine dernière devant le Tribunal permanent des peuples consacré aux droits des exilés, Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya et poursuivi à plusieurs reprises : « Peu à peu, je me suis entouré d’associations, d’avocats, et j’ai appris le droit. Je me suis rendu compte que ce que je faisais n’était pas si illégal et qu’à l’inverse l’État ne respectait pas toujours la loi. On a même fait des réunions pour expliquer cela à des gendarmes de la vallée de la Roya. » 

L’affaire a été renvoyée au 14 février. Non au délit de solidarité, relaxe pour Martine Landry !