Engoncés dans leurs pardessus d’indifférence, insensibles aux cris d’alarme du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), technocrates de Bruxelles et chefs d’État européens laissent mourir les migrantEs.
Accentuée par les rigueurs d’un hiver particulièrement froid, notamment en Grèce et dans les Balkans, la situation des migrantEs ne cesse de se dégrader. Lors d’une conférence tenue à Genève le 13 janvier dernier, le HCR « exhorte les gouvernements à en faire davantage pour les aider, et à cesser de les repousser aux frontières ou à les soumettre à des violences ». Pour Sarah Crowe, porte-parole de l’Unicef, « il s’agit de sauver des vies humaines et pas de paperasserie ou de conformité avec des arrangements bureaucratiques ». Des sages paroles... qui ne sont malheureusement suivies d’aucune mesure de la part de l’Union européenne !
État des lieux du désastre
À la frontière turco-grecque, par une température de – 10° C, le fleuve Evros charrie des cadavres de jeunes migrantEs ayant tenté la traversée. En Grèce, sur l’île de Samos, un millier d’hommes, de femmes et d’enfants vivent sous des tentes non chauffées.
À Belgrade, 1 200 hommes vivent dans des entrepôts abandonnés, sans eau, sans électricité, subissant en plus des violences policières, des vols de vêtements et de portables. « Il fait tellement froid que les gens ne peuvent pas se déshabiller pour se laver. (...) L’eau est gelée, mais il n’y a qu’un point d’eau pour 2 000 personnes. (...) Les infections de peau sont catastrophiques ! Chaque jour, on a plus de soixante personnes qui arrivent à la clinique MSF avec de la gale et des poux. (...) On n’arrivera pas à lutter contre une épidémie tant qu’il n’y aura pas les conditions sanitaires (ad hoc) », dénonce ainsi le responsable de Médecins sans frontières.
Que font l’Union européenne et l’État français ?
L’Europe vient de mettre en place via Frontex une structure joliment nommée « pôle expulsion ». Ce pôle de 690 personnes sera chargé d’accélérer les expulsions à partir de l’Italie et de la Grèce, pays où la plupart des migrantEs arrivent en Europe et ont laissé leurs empreintes (accords de Dublin).
Quant à l’État français, il vient d’expulser deux migrants soudanais vers leur pays en guerre. Il continue à pourchasser les migrants à Calais, traquant tous ceux dont l’objectif est de passer en Angleterre, et sont de fait réduits à la clandestinité, aux campements discrets. Organisée par la police et soutenue par la mairie dont l’objectif est « Calais zéro migrant », la chasse au faciès bat son plein à chaque arrivée de train. À Paris, chaque nouveau campement est implacablement détruit par la police. Et à la frontière italienne, on traque migrantEs et soutiens... Ça ne peut plus durer !
Préparons la marche du 19 mars
Le week-end antiraciste international des 18 et 19 mars devient une échéance prioritaire au regard du drame que vivent les migrantEs dans l’Europe forteresse. Face aux racistes et aux nationalismes de droite comme de gauche, nous devons reprendre la rue comme nous avons su le faire contre la loi travail. Les solidarités s’organisent, et les retours des régions sont encourageants.
Partout, les militantEs du NPA se doivent d’être des organisateurs de la mobilisation en étant à l’initiative de collectifs unitaires pour préparer cette marche. Il n’y a pas une minute à perdre. Contre l’Europe forteresse, pour la solidarité avec les migrantEs, pour l’ouverture des frontières, c’est dans la rue que ça se passe !
Alain Pojolat