Publié le Jeudi 17 septembre 2015 à 16h03.

Evacuation des campements de migrantEs à Paris : Accueillir les migrantEs ?

Pour la mairie et la Préfecture, l'important c'est de communiquer...

Ce matin 17 septembre, les campements d'Austerlitz et de la mairie du 18e ont été évacués. Pardon, les migrantEs ont été “accueilliEs”... Une volonté d'accueil tellement forte et sontanée, tellement généreuse, que des forces de police ont été déployées pour bloquer, au même moment, le lycée occupé par des migrantEs dans le 19e au cas où certainEs auraient eu des vélléités de rallier la mairie du 18e pour être aussi “accueilliEs”.

Le dispositif est de mieux en mieux rodé en ce qui concerne l'évacuation elle-même. Désormais le directeur de l'Ofpra, Brice Pascal, ne fait plus qu’un petit tour puis s’en va. Tout est gèré par des fonctionnaires de la Préfecture et de la Mairie de Paris. A noter sur le 18e, en sus des effectifs de police en uniforme bloquant la place, un nombre impressionnant de flics en civil. A noter aussi des fonctionnaires de la préfecture badgés “communication” qui s'assurent de faire passer le message aux journalistes sur place : tout va bien, le pouvoir s'occupe des migrantEs.

Par contre, toujours pas question de considérer les migrantEs comme des intelocuteurs, autrement que comme des objets. Pas de dialogue : on annonce aux migrantEs qu'ils et elles vont être hébergéEs pendant un mois dans de bonnes conditions, avec trois repas par jour, des tickets de transport pour leurs démarches et qu'ensuite les demandeurs d'asile rentreront dans les dispositifs prévus d'hébergement spécialisé. Pas un mot pour ceux et celles qui ne pourront rentrer dans ce processus… Pas non plus la possibilité de poser de questions, les cars arrivent, les destinations ne sont pas indiquées, les migrantEs font la queue. Brice Pascal fuit devant un représentant des migrantEs qui veut discuter avec lui, avoir plus d'infos avant que les migrantEs ne montent dans les bus, voire demander des garanties. Comprenez-bien : l'accueil version pouvoir c'est un processus à sens unique, pas une relation d'égalité. Ce qui compte c'est de pouvoir annoncer que la situation des migrantEs à la rue a été règlée. “L'accueil des migrantEs, c'est oui !”.

Accueil et générosité ? Les migrantEs qui étaient depuis 15 jours devant la mairie sont envoyéEs dans des centres sur Paris et proche banlieue. Les migrantEs installéEs depuis des mois à'Austerlitz et qui attendaient sagement, sont envoyéEs dans des centres loin de Paris : St Ouen l'Aumône, Garges les Gonesses… En fait c'est comme toujours la combattivité qui paie, qui force la “générosité” du pouvoir ! La leçon finira bien par être retenue... 

Il est 6 heures du matin quand l'opération commence, moins de 8 heures quand elle s'achève. Il y a eu 12 cars qui sont partis à la mairie du 18e. La communication fonctionne : l'info tourne dans les médias. Tout s'est passé dans le calme. La police veille à ce que les soutiens se dispersent. Les services de la propreté prennent la place des fonctionnaires de la pref et de la mairie : il faut faire disparaître toute trace du campement, “nettoyer” et bien sûr désinfecter… Car la migration est une maladie qui véhicule la maladie. Accueil, accueil qu'ils disaient.

Dès 9 heures on commence à avoir des infos de la part des mgrantEs arrivéEs dans les centres. Leurs mots : “hébétés”, “surpris”, “dégoûtés”, “c'est ça l'accueil de la France ?”. Dans le centre de Boulogne… pas de lits dans les chambres. “Ils devraient commencer à arriver dans la journée”. Les chambres prévues pour deux personnes devront en loger entre 3 et 5. Pas de tickets de transport et deux repas par jour plutôt que trois. A l'ancienne caserne de Reuilly-Diderot, 6 à 8 par chambre, des toilettes dégueulasses, “les gens nous parlent mal”. Place d'Italie : 10 par chambre ! Au CHU de Reuilly-Diderot improvisé en centre d'hébergement c'est “temporaire... en attendant mieux” : 6 par chambre, pas de tickets de transport. Point commun partout : pas de visites autorisées.

Rappel : un des slogans des migrantEs devant la mairie “Liberté, dignité, humanité !”

Il est 10 heures : dans plusieurs des centres les migrantEs discutent et hésitent. Lancer une grève, un sit-in, repartir dans la rue ? A suivre…

Le pouvoir a réussi sa communication : générosité envers les médias. Quant à accueillir les migrantEs.. faut pas exagérer non plus. Demain on communique sur la fermeté…

 

La liste des centres :

A confirmer pour Austerlitz :

Persan Beaumont, St Ouen l'Aumône, Gargs ls Gonnesses.

Mairie du 18è :

Paris 20è : 60 rue de Frères Flavien (Armée du salut)

Paris 13è : rue Charles Fourrier - La Mie de Pain

Paris 12è : ancienne caserne métro Reuilly-Diderot

Paris 12è : CHU boulevard Diderot

Paris 12è : rue de l'école de Joinville (CRA de Vincennes ?)

Boulogne : avenue Jean Jaurès (Croix rouge ?)

Nanterre : avenue de la République Centre d'accueil et de soins hospitaliers