Publié le Jeudi 10 juin 2010 à 23h07.

Françafrique à Nice : "chassés ici, pillés là-bas"....

Pendant que Sarkozy essayait de défendre les intérêts de l’impérialisme français devant les chefs d’État africains qu’il recevait à Nice, un contre-sommet auquel ont participé les marcheurs sans papiers dénonçait la mascarade. En réponse au sommet Afrique-France du 31 mai, le contre-sommet s’est organisé autour de deux thèmes complémentaires. Il y a eu d’abord l’arrivée à Nice, dimanche 30 mai, de la marche des sans-papiers du ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers, partie de Paris le 1er mai. Partout où ils sont passés, les marcheurs ont été formidablement accueillis, y compris par les élus locaux, sauf ceux de Cannes et Nice... Le collectif d’accueil local « Chassés d’ici, pillés là-bas » regroupant : NPA, PCF, Alternatifs, collectif anarchiste, Europe écologie, CGT, Solidaires, FSU, Attac, Mrap Greenpeace, RESF, Survie, etc. a eu les pires difficultés à trouver un hébergement pour les sans-papiers et à obtenir l’autorisation d’un parcours de manifestation. Il faut dire que pour accueillir Sarkozy et ses amis dictateurs africains, la moitié de la ville de Nice avait été bloquée et sévèrement encadrée par près de 8 000 policiers. Dans ces conditions, l’organisation du contre-sommet a représenté un exploit nécessitant de jongler avec les diverses interdictions et les tentatives de la mairie de Nice d’empêcher les marcheurs de loger dans la ville. Les marcheurs sont arrivés à Cannes au matin du dimanche 30 mai. Seul un rassemblement avait été autorisé mais le dynamisme des marcheurs a entraîné tout le monde dans une ronde revendicative ! Un groupuscule néonazi, le Bloc identitaire, a tenté de perturber le rassemblement, la police se contentant de faire un cordon de sécurité. Les marcheurs souhaitaient entrer en marchant dans Nice par la Promenade des Anglais mais leur car fut « escorté » par la police et acheminé à la gare Riquier, à l’est de la ville, où il a été accueilli notamment par notre camarade Olivier Besancenot. C’est de là qu’est partie la seule manifestation autorisée ce dimanche, formée d’environ 600 personnes qui ont défilé dans le quartier populaire de Saint-Roch pour rejoindre le centre de rétention administrative de Nice. Là, il y eut la vision poignante des enfermés du centre de rétention agitant leurs bras à travers les barreaux pour encourager les manifestants. Les marcheurs ont souhaité qu’Olivier Besancenot prenne la parole mais, comme cela n’avait pas été convenu par le collectif, il a préféré s’abstenir. Les marcheurs et leurs soutiens qui venaient d’un peu partout ont finalement pu être logés gratuitement dans un gymnase du CCAS (équivalent du comité d’entreprise) d’EDF géré par la CGT. Le lendemain, sur la place de la Libération, une des rares places du centre de Nice autorisée aux manifestants, s’est tenu le contre-sommet proprement dit avec, dès le matin, des stands des organisations membres du collectif. En fin d’après-midi, une manifestation réunissant entre 1 500 et 2 000 personnes a dénoncé la Françafrique, le néocolonialisme et a fait le lien avec la lutte des sans-papiers. Le soir, de retour place de la Libération, une réunion publique organisée par le collectif et Survie a réuni des associatifs français et africains pour dénoncer la mascarade qui se tenait au même moment dans la ville, la mise en coupe réglée par la France, Total, Areva, Bolloré, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC et d’autres pays capitalistes, de l’Afrique, de ses ressources et de ses peuples. Olivier Sillam