On y voit maintenant un peu plus clair, après les premières interventions de Valls et le discours de politique générale d’Ayrault, sur les orientations du gouvernement en matière d’immigration. Sans surprise, nous avons :• Quelques avancées, telles que l’abrogation de la circulaire Guéant qui restreignait la possibilité pour les étudiants étrangers diplômés de travailler en France, ou l’assurance donnée par la ministre des Affaires sociales d’un retour à la gratuité de l’Aide médicale d’État. Non négligeable pour les principaux intéressés : ne plus avoir un forfait de 30 euros à débourser pour se faire soigner, ce n’est pas rien !• Quelques promesses, dont il faudra voir ce qu’il en adviendra concrètement. Par exemple : « aucun enfant, aucune famille ne seront placés dans un centre de rétention », confirme Ayrault. Pour le moment, cette pratique n’a pas cessé, notamment à Mayotte, où elle est quotidienne. • Structurellement, la poursuite dans ses grandes lignes de la politique que tous les gouvernements suivent depuis des décennies : la « maîtrise des flux migratoires » comme ils disent. Une ligne annoncée qui conduit à refuser une régularisation massive et à poursuivre les expulsions ; qui, plus généralement, ne permet pas d’escompter une refonte du code d’entrée et de séjour des étrangers : il faut dire qu’on ne pouvait guère attendre autre chose d’un gouvernement social-libéral.• Mais aussi de sérieuses garanties données à la droite dure, avec le maintien des immigrés dans un ghetto administratif géré par le ministère de l’Intérieur ; une rhétorique classique de la « fermeté » et de l’« humanité » qui a quand même déjà commencé à emprunter davantage au premier registre qu’au second ; enfin des discours contradictoires et trompeurs qui masquent la continuité de la politique migratoire. Au premier chef l’annonce d’un examen des demandes de régularisation sur la base de critères objectifs et précis... accompagnée d’objectifs annuels et chiffrés (identique à celui des dernières années soit dit en passant) : mais comment parvient-on à connaître à l’avance les résultats d’un examen objectif ?• Des annonces d’une portée ambiguë qui appellent à la vigilance : ainsi cette carte de trois ans. Si c’est pour se débarrasser de la carte d’un an, fort bien ! S’il s’agit de siphonner la carte de dix ans, le seul titre qui permet une vie « normale », en faisant croire qu’avec trois, on n’est plus pressé de passer à l’étape suivante, il en va tout autrement. Au contraire, l’accès à la carte de dix ans devra être de droit dès le premier renouvellement ; et vraiment de droit ! ce qui veut dire que toutes les restrictions apportées ces dernières années, sous couvert de conditions d’intégration, à l’obtention de cette carte devront être abolies.Face aux chausse trappes d’un social-libéralisme qui enrubanne la rigueur et expulse les sans-papiers en y mettant les formes, nous devons travailler à la convergence et la radicalisation des luttes du mouvement antiraciste traditionnel ou du mouvement des quartiers. Sans renoncer à arracher au PS des concessions (par exemple sur le droit au séjour des étrangers malades qui ne peuvent se faire soigner dans leur pays ou encore sur le sort des « jeunes majeurs » qui deviennent sans papiers à 18 ans), nous ne dévierons pas de notre ligne d’opposition à un gouvernement qui persiste à refuser la régularisation de tous les sans-papiers et se trouve dans l’incapacité de rompre avec une politique discriminatoire à l’encontre des immigrés. Nous garderons pour cap la liberté de circulation et d’implantation, l’égalité des droits