Publié le Mardi 11 juin 2019 à 12h41.

Italie. De la prison pour avoir secouru des migrantEs ?

Pia Klemp est allemande. Pendant 6 ans, elle a été capitaine de navires procédant à des sauvetages de migrantEs en Méditerranée, dont le Sea Watch 3. Elle est actuellement jugée en Italie pour ces opérations de sauvetage et encourt, selon son avocat, jusqu’à 20 ans de prison. On apprend dans un article publié sur le site de la chaîne TV5 Monde que « ce sont au moins quatre autorités d’enquête italiennes différentes qui ont travaillé contre elle et son équipage, dont les services secrets italiens. Le plus inquiétant reste que son navire a été mis sur écoute, tout comme les téléphones et les ordinateurs portables de l’équipage, le tout doublé d’une surveillance opérée par des informateurs présents sur d’autres navires. » 

Autant dire qu’en Italie, sauver des migrantEs en mer semble équivaloir, pour certains, à un acte de terrorisme. La justice italienne entend démontrer que Pia Klemp serait « complice des passeurs » afin de la condamner pour « aide et complicité à l’immigration illégale ». Pour Pia Klemp, « les droits humains ne sont pas seulement pour notre bénéfice personnel. C’est une obligation. Si les droits humains ne s’appliquent pas à tous, ils ne s’appliquent à personne. » Simple. Basique. Mais intolérable pour certains…

Matteo Salvini entend bien évidemment s’appuyer sur ce procès pour faire celui de l’ensemble de celles et ceux qui aident les migrantEs, et les dissuader de toute tentative de sauvetage à l’avenir. De même qu’il tente de politiser au maximum un autre procès, celui de l’ancien maire du village de Riace, qui avait mis en place un système d’accueil des demandeurEs d’asile et des réfugiéEs dans sa localité. Accusé d’« aide à l’immigration illégale », Dominico Lucano assume d’avoir pratiqué la « désobéissance civile » face à des lois qu’il estime « inhumaines »

Deux procès symboliques de la criminalisation de la solidarité avec les migrantEs, à l’œuvre dans une Union européenne qui a fait le choix criminel de sous-traiter, aux pays d’origine et/ou de transit, la gestion des flux migratoires, donnant un blanc-seing à la répression criminelle et au trafic d’êtres humains. Toute notre solidarité va bien évidemment à Pia Klemp et Dominico Lucano, ainsi qu’aux migrantEs et à toutes celles et ceux qui leur portent assistance. De l’air, ouvrons les frontières ! 

Julien Salingue