Publié le Mercredi 23 octobre 2013 à 16h27.

Jeunesse : Khatchik, Leonarda, revenez !

Voilà une semaine que les lycéens se mobilisent contre les expulsions de leurs camarades sans papier. Tout est parti du lycée Camille Jenatzy dans le 18e arrondissement de Paris où Khatchik a été arrêté puis mis en centre de rétention car il n’avait pas de titre de séjour...Ses camarades, ainsi que des militants du RESF et du RUSF de Paris 4, se sont mobilisés et ont empêché qu’il soit expulsé jeudi 10 octobre en allant à l’aéroport. Il a malheureusement été expulsé deux jours plus tard vers l’Arménie que ses parents avaient fuie. Les lycéens ont décidé de se mettre en grève lundi 14 et d’aller convaincre d’autres lycéens de se battre avec eux. À cette colère s’est ajoutée l’annonce de l’expulsion de Leonarda et de sa famille. Il y avait déjà un sentiment de révolte contre la politique du gouvernement Hollande, et les expulsions ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est ainsi que mercredi 16, les lycéens de Jenatzy ainsi que de plusieurs lycées, notamment de l’est de Paris, ont débarqué à un millier dans les rues, en direction du rectorat de Paris. N’ayant pas obtenu satisfaction sur leur revendication première, à savoir le retour de Khatchik, ils ont décidé de continuer la mobilisation. Le mouvement est monté en puissance jeudi et vendredi, avec 170 lycées bloqués dans toute la France et plusieurs milliers de manifestants.

Dans la rue contre VallsCette mobilisation est un bol d’air frais dans une situation où la politique antisociale et raciste du gouvernement ne trouvait pas de résistance sur son chemin. C’est la meilleure réponse à tout le climat raciste qu’à connu le pays ces dernières semaines.Cela démontre qu’il est possible de résister et de mettre en difficulté le gouvernement. Preuve en est le retour imprévu de Valls à Paris et les « réponses » qu’ont été obligé de donner Hollande et ses ministres. L’ensemble des lycéens mobilisés ne sont pas là pour rater les cours comme le prétend Peillon, mais bel et bien pour se battre pour que leurs camarades reviennent. D’ailleurs, dans les manifestations, les slogans qui animaient les cortèges tournaient autour de l’arrêt des expulsions de jeunes et le retour de Khatchik et Leonarda d’une part, et la démission de Valls d’autre part. Le sentiment de solidarité entre les lycéens a également fait du chemin : on se bat pour ceux qui n’ont pas de papier mais aussi pour le droit à une éducation de qualité pour toutes et tous. 

Ce n’est qu’un début, on continue !Tout le monde s’attendait à ce que le mouvement lycéen meure aussi vite qu’il est apparu. Pourtant dès les premières heures des vacances scolaires, samedi 19 octobre après midi, des centaines de lycéens se sont de nouveau retrouvés à Bastille et ont dû affronté les forces de l’ordre pour pouvoir manifester jusqu’à la Nation. Des initiatives sont en cours d’organisation pour les vacances. La rentrée sera chaude sur les lycées : une journée de mobilisation nationale semble se dessiner le 5 novembre prochain à l’appel de plusieurs organisations syndicales et politiques de jeunesse. Cette journée doit être bien plus massive encore que ce qu’on a connu ces derniers jours. Dans les lycées de Paris bien sûr, mais également en banlieue parisienne et dans toute la France. Ça a déjà été en partie le cas vendredi dernier puisque plusieurs lycées du 92, 93 et 94 ont été bloqués et ont participé à la manifestation. Des lycées ont aussi été mobilisés dans d’autres régions, comme à Marseille, Rouen, Dax ou Grenoble. 

Pour la régularisation des jeunes sans-papiersPour obtenir le retour de Khatchik et Leonarda, il faudra un mouvement de tous les jeunes, et même au-delà de la jeunesse. Cela permettra de rabattre le clapet à Valls et Hollande qui osent proposer à Leonarda de revenir seule en France sans ses parents et sans ses frères et sœurs eux aussi scolarisés en France. Nous devons continuer la lutte pour que Leonarda et toute sa famille reviennent, mais aussi pour que Khatchik soit de retour, car il risque début novembre d’être enrôlé dans l’armée arménienne. Le combat ne s’arrête pas là. Pour que plus aucun jeune, plus aucun sans-papier ne soit expulsé, il faudra se battre pour la régularisation de tous les sans-papiers, à commencer par les jeunes scolarisés. Et continuons aussi le combat contre celui qui expulse nos camarades : Valls démission !

Mina Takfarinas