Publié le Jeudi 5 mai 2011 à 09h34.

La Courneuve (93) : 190 personnes de nouveau à la rue !

Le 8 juillet 2010, 190 personnes avaient été expulsées de la tour Balzac dans la cité des 4 000. Cette expulsion avait connue un certain retentissement médiatique à cause de la brutalité des policiers traînant des femmes enceintes par les pieds, arrachant de très jeunes enfants des bras de leur mère, arrêtant des militants et interdisant aux journalistes de filmer. La mobilisation avait alors permis d’obtenir un relogement d’urgence pour les familles et une enquête interne des services de police avait été ouverte (qui n’a toujours pas abouti, neuf mois plus tard !). Le 18 avril 2011, le préfet de la Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, a mis fin illégalement à la mesure d’hébergement et les familles se retrouvent de nouveau à la rue. La situation particulièrement dramatique des familles de Balzac est révélatrice de l’étendue des problèmes de logement dans le 93. Avec 10 millions de mal-logés en France, le problème concerne l’ensemble du territoire mais il prend une ampleur particulière dans ce département où le niveau de vie est très faible. Les habitants de Balzac squattaient les logements de cette tour faute d’autre solution car ils étaient vides depuis des années. Ces squatteurs payaient des indemnités d’occupation qui reviennent bien souvent plus cher qu’un loyer car elles ne donnent pas droit aux allocations logement. L’expulsion avait été justifiée par l’urgence de détruire la barre, or la tour Balzac est toujours là ! Avec 60 000 demandeurs de logements sociaux en attente, la moitié des arrêtés d’insalubrité d’Île-de-France, le 93 est une zone sinistrée en matière de logement ! C’est pourquoi le NPA revendique l’interdiction des expulsions, l’application de la loi de réquisition et la construction massive de logements vraiment sociaux à la hauteur des besoins. Un toit c’est un droit !Avec plus de 200 000 sans-papiers et 20 % d’étrangers, le 93 est une terre d’asile. Les habitants de Balzac, essentiellement d’origine ivoirienne, sont nombreux à ne pas avoir de papiers. La plupart travaillent et payent des impôts. Leurs employeurs profitent de cette main-d’œuvre corvéable à merci. Leur situation les expose aux marchands de sommeil, aux rafles policières et à la menace d’un retour forcé dans un pays où la situation est particulièrement instable. Cette situation est indigne. Nous réclamons la régularisation de tous les sans-papiers ! Christian Lambert : un Sarko Boy !Le préfet du 93, grand ami de Sarkozy et ex-directeur du Raid, a décidé de répondre aux besoins sociaux à coup de Kärcher, de Taser et de compagnies de CRS. Les expulsés de Balzac se retrouvent aujourd’hui là où l’histoire a commencé. Au pied de la tour, un fourgon de CRS est présent en permanence et les RG contrôlent les militants. Les « forces de l’ordre » interdisent aux expulsés d’installer des tentes ou des bâches pour se protéger des intempéries. Ce harcèlement policier est tout simplement insupportable et tout le monde redoute la prochaine intervention policière pour disperser les familles. Le 93 n’est pas une zone de non-droit, Lambert dégage ! La lutte des expulsés de Balzac se mène sur ces trois fronts : le relogement, la régularisation des sans-papiers, l’arrêt et la condamnation des violences policières. C’est malheureusement une chronique ordinaire des luttes logement dans le « 9-3 ».

Max Bess