Publié le Vendredi 3 juillet 2015 à 21h07.

Les étrangers sous surveillance permanente et intégrale

Reportée à maintes reprises, la discussion du projet de loi sur l'immigration de l'actuel gouvernement devrait débuter en première lecture à l'Assemblée le 20 juillet. L'hypocrisie étant toujours de mise en Hollandie, il est présenté comme destiné à « renforcer les droits des étrangers ». C'te blague ! En réalité, il est clair qu'il se situe dans la droite ligne de tous les textes adoptés depuis des décennies, avant et sous Sarkozy. Soupçon, répression, précarisation sont, une fois encore les maître mots qui caractérisent le mieux l'esprit du projet.

Il faudra y revenir prochainement mais pour mieux préparer nos indispensables mobilisations, il peut être bénéfique de s'arrêter dès à présent sur l'une de ses innovations les plus écœurantes et -hélas! les plus emblématiques. Jusqu'alors un titre de séjour était accordé sinon durablement, tout au moins pour une durée garantie. Mais en ce bas monde capitaliste, rien ne semble plus définitivement acquis.

Le gouvernement entend ainsi que désormais, le préfet puisse «à tout moment» vérifier que l'étranger «continue de satisfaire» aux conditions qui lui ont permis d'obtenir sa carte. Et aussi bien pour délivrer cette carte que, surtout, pour pouvoir procéder à ce contrôle permanent et éventuellement la lui retirer, autant aller chercher les informations là où elles sont : Pôle emploi, banques, établissements scolaires ou de santé... partout, quoi ! Et qu'importe si cela représente une évidente incitation à la délation et mettre les agents appelés à transmettre ces information pour le moins en porte à faux. Quant à la vie privée des étrangers, elle est du même coup passée par pertes et profits, si tant est qu'on puisse concevoir en haut lieu que des étrangers aient droit à une vie privée !

Qu'on ne s'y trompe pas, cet appel à la mobilisation générale contre les étrangers qui seraient indûment présents sur notre territoire ne relève pas seulement d'une politique de la race en écho à une crispation de classe ; elle participe d'une société du contrôle dont l'extension constante, si l'on ne s'y oppose pas, gangrènera l'ensemble du corps social. Ne lâchons rien là-dessus !

François Brun