Sans suspens, et en l’absence d’une mobilisation digne de ce nom, la loi asile-immigration a été votée dimanche soir en première lecture par 228 votes pour, 139 contre et 2 abstentions.
Au mépris de l’avis unanime des organisations humanitaires et du Défenseur des droits, les députés macronistes et leurs affidés se sont congratulés d’avoir pondu une énième loi liberticide qui vient pourrir un peu plus la vie de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant les zones de guerre, les persécutions politiques et la misère.
Une majorité à la botte
Les tenants du vote Macron à l’élection présidentielle « pour faire barrage au fascisme » en seront pour leurs frais et pourront ravaler leurs larmes de crocodiles : le racisme et le fascisme ne se combattent pas dans l’isoloir, mais dans les mobilisations, dans la rue ! Il n’est que de voir les visages radieux de Collard et de Le Pen dans l’hémicycle pour s’en convaincre. Car point n’était besoin pour eux de voter l’ensemble du texte dans une chambre hégémonique. Exprimant publiquement leur accord avec de nombreux articles, ils sont même allés jusqu’à voter avec LREM l’article 5 qui réduit à 90 jours la formulation d’une demande d’asile, dont on nous précise qu’elle ne pourra se faire que par internet… Pour une fois nous serons d’accord avec cet élu du PS lançant à la cantonade que « le ver était dans le fruit »… et depuis longtemps ajouterons-nous ! Car depuis un quart de siècle, qu’elles soient de droite ou « socialistes », les lois racistes et xénophobes se sont empilées, dans un sens toujours plus répressif, ouvrant un boulevard au Front national et à ses officines identitaires qui aujourd’hui sortent du caniveau qu’ils n’auraient jamais dû quitter.
Collomb complice des identitaires
En toute impunité, quelques dizaines de fachos identitaires de « Defend Europe » (les mêmes qui affrètent en Méditerranée des bateaux pour faire la chasse aux migrantEs) ont ainsi organisé une action anti-migrantEs le week-end dernier au col de l’Échelle. S’ils sont peu nombreux, ils ont suffisamment de moyens pour louer des hélicoptères qui assuraient la logistique de leur misérable entreprise : rétablir une frontière physique entre la France et l’Italie, et empêcher les migrantEs de franchir celle-ci. Alors que les militantEs solidaires de La Roya citoyenne subissent une véritable persécution policière et judiciaire depuis plusieurs années, le pouvoir a délibérément laissé faire les fachos au prétexte bidon que de parler d’eux leur ferait de la publicité !
Dès le lendemain, plus d’une centaine de militantEs de NoTav et des antiracistes françaisEs organisaient une manifestation au poste-frontière, débordant les effectifs de la gendarmerie, permettant à une trentaine de migrantEs d’entrer sur le territoire français. Nous nous en réjouissons et saluons cette détermination qui tranche avec la torpeur qui semble frapper la « gauche » à ce sujet.
Une seule voie : celle de la mobilisation
Face au vote de cette loi scélérate, face aux provocations de plus en plus pressantes des fachos, les antiracistes et les révolutionnaires doivent multiplier les initiatives. De nouvelles dates et de nouvelles manifestations vont être proposées par les collectifs de sans-papiers. Nous en serons. Dès maintenant, dans les assemblées générales de grévistes, il nous faut peser pour que le mouvement s’empare de ces échéances car il n’y aura pas de « nouveau mai » qui ne soit pas internationaliste. Les collectifs de sans-papiers et de migrantEs battront le pavé avec nous le 1er Mai… Un vrai « TouTEs ensemble » serait le bienvenu !
Alain Pojolat