Adoptée le 22 avril en première lecture à l’Assemblée nationale, en procédure accélérée, la loi « Asile et immigration » n’a plus qu’à être ratifiée par le Sénat dans la première semaine de juin pour être mise en application.
Cette assemblée majoritairement à droite votera, sans surprise, la nouvelle loi raciste, voire y apportera des amendements qui la durciront encore. Résignés ou démissionnaires, les partis institutionnels d’opposition et les syndicats – à l’exception de Solidaires – n’ont, à ce jour, pas mis à leur agenda cette échéance, laissant à leurs militantEs et à leurs représentations locales la latitude de participer aux mobilisations. L’heure est, paraît-il, au front social et politique, et à la « marée humaine », à l’unité contre Macron et son gouvernement. Fort bien, mais il serait dramatique que ces belles intentions fassent l’impasse sur une question essentielle : la lutte contre le racisme, pour l’égalité des droits, pour l’accueil des migrantEs. Il n’est pas trop tard… mais le temps presse !
Dans la rue le 2 juin
Regroupés au sein de la Marche des solidarités, des dizaines de collectifs de sans-papiers, d’associations de soutien, de familles de victimes de violences policières avaient déjà manifesté le 17 mars et le 7 avril pour exiger l’abandon du projet de loi asile-immigration. Ces associations, soutenues par des partis politiques – dont le NPA – et des sections syndicales, appellent de nouveau à se mobiliser le 2 juin. La Marche sera rejointe par le désormais traditionnel cortège antifasciste organisé chaque année en mémoire de Clément Méric, assassiné par des fascistes le 5 juin 2013. Nous invitons les militantEs antiracistes qui participeront aux manifestations organisées par le mouvement social cette semaine à rejoindre les cortèges de sans-papiers et à distribuer avec elles et eux les milliers de tracts d’appel à la marche du 2 juin qui ont été imprimés.
Vintimille-Londres : ça marche !
Après le bel accueil de Marseille où ils ont été rejoints le temps d’une manifestation par plus d’un millier de participantEs, les marcheurEs partis de Vintimille rencontrent un franc succès à chacune de leurs étapes, comme à Avignon. À Orange, malgré les pressions diverses de la municipalité, des flics et des gendarmes, et l’interdiction de diffuser des tracts ou coller des affiches, la marche a réussi son escale. Dans cette ville symbolique, où malgré un comité d’accueil hostile organisé par les fachos locaux, les militantEs et habitantEs antiracistes ont su par leur nombre et leur détermination accueillir dignement et joyeusement la marche. Renforcer et développer les mobilisations
Quelle que soit l’issue parlementaire du vote sur la loi raciste asile-immigration, les antiracistes auront dans les semaines et les mois qui viennent à redoubler d’efforts dans leur résistance à l’air du temps. Jamais aucune loi ne dissuadera des dizaines, voire des centaines de milliers de migrantEs économiques et/ou demandeurEs d’asile de franchir les frontières de l’Europe, quelle que soit la hauteur des murs et des barbelés à franchir. Notre combat s’inscrit dans la durée, et nous comptons bien le mener jusqu’au bout… Jusqu’à la régularisation de tous les sans-papiers, qu’ils et elles aient ou non un emploi, jusqu’au respect de la liberté de circulation, et d’installation !
Alain Pojolat