Alors que l’Europe lance sa flotte antipasseurs, un arsenal de 5 navires de guerre et deux sous-marins censés couler les embarcations utilisées par les migrantEs, les autorités françaises persistent dans leur rejet de tout règlement politique pérenne et humainement acceptable pour les réfugiéEs.
Vendredi 19 juin au matin, une grande opération humanitaro-policière préparée dans le plus grand secret par la mairie de Paris, l’OFPRA France Terre d’asile, des éluEs EÉLV et du PCF, amenait plus de 200 migrantEs à rejoindre des centres d’hébergement d’urgence, sans avoir pu en discuter collectivement ni obtenir de garanties écrites sur les conditions. Le campement d’Éole, dans un quartier cerné par les forces de police, était rapidement démantelé.Quelques jours auparavant, ces mêmes autorités affirmaient main sur le cœur, dans un marchandage indécent, qu’elles ne pouvaient proposer plus de 60, puis 100, puis 120 places en centres d’habitation d’urgence. Et c’est sous la pression de l’occupation par les migrantEs et leurs soutiens d’une caserne de sapeurs pompiers, et d’elle seule, que les autorités ont revu leurs propositions à la hausse (voir l’Anticapitaliste n°294).Pour autant, oser parler de victoire comme le font certaines organisations, nous paraît déplacé au regard des besoins exprimés par les migrantEs, et illustrés par les nouveaux campements réinstallés depuis ces derniers jours dans le quartier. En s’attaquant au noyau le mieux organisé et en démantelant le camp d’Éole, le pouvoir pensait en avoir fini avec les réfugiéEs, les renvoyant à leur invisibilité... C’est peine perdue !
« Nous sommes des sujets, pas des objets ! » (paroles de réfugié)Deux stratégies sont à l’œuvre dans ce conflit : l’une, individualisante, caritative, paternaliste et délégataire, voudrait que les migrantEs, supposés fragiles et désemparéEs, s’en remettent à des éluEs impliqués dans la majorité municipale pour régler tous leurs problèmes. Cette stratégie est vouée à l’échec et ne fait que retarder le nécessaire affrontement avec un gouvernement qui a clairement affiché ses intentions : invisibilisation, accueil très limité (en regard aux besoins de la situation), et répression.L’autre stratégie, adoptée par les migrantEs et leurs soutiens, est de permettre que les réfugiéEs, quelle que soit leur situation administrative, deviennent les acteurs de leur destin. Cela passe par le respect de leurs revendications collectives, et en premier lieu, l’exigence que soit mis à leur disposition un lieu collectif qui leur permette de s’organiser.Anticapitalistes et anti-impérialistes, les militantEs du NPA mettent tout en œuvre pour que cette revendication essentielle se concrétise. Mais notre tâche ne s’arrête pas là. Face au racisme et à la xénophobie, il nous faut gagner l’opinion à la légitimité du combat des réfugiéEs. À Calais, Paris et Menton, des solidarités, des résistances, s’organisent, et la bataille idéologique est loin d’être perdue. Internationalistes, nous devons prendre contact ou renforcer nos liens avec les collectifs italiens qui, à Rome, Milan et Vintimille, soutiennent les migrantEs et avancent des revendications en leur faveur, particulièrement l’attribution d’une carte de séjour de 2 ans leur permettant de régulariser leur situation. Enfin, nous devons faire du mercredi 1er juillet une grande date de mobilisation qui se traduira à Paris par une nouvelle manifestation.
Alain Pojolat
Manifestation mercredi 1er juillet à 19 hPlace de La Chapelle – Paris 18e