En renvoyant l’Aquarius et ses passagers, le ministre fasciste de l’Intérieur italien a brisé un tabou, celui d’un principe humanitaire de base, partagé jusqu’alors, au moins formellement, par la plupart des pays européens : le devoir d’assistance à personnes en danger.
Certes, cela fait bien longtemps que cet humanisme de posture est mis à mal par des pratiques gouvernementales répressives d’un bout à l’autre de l’Europe, mais aucun dirigeant n’avait osé revendiquer une décision aussi barbare. Les effets ont été hélas immédiats, et ont ouvert les vannes à l’expression de positions racistes et xénophobes, ainsi qu’à la mise en scène d’une pseudo « crise européenne » dans laquelle Macron voudrait jouer le rôle de chevalier blanc pourfendant l’intransigeance extrémiste de Salvini. L’exécutif français ferait pourtant bien de balayer devant sa porte avant de diaboliser ses homologues italiens. Qu’a-t-il fait pour venir en aide aux passagerEs de l’Aquarius ? Que fait-il aujourd’hui pour ceux du Lifeline en attente d’un débarquement dans un port européen ? Seuls les dirigeants du Conseil exécutif de Corse ont rompu le silence assourdissant des autorités françaises en proposant l’hospitalité aux bateaux -humanitaire et à leurs passagerEs.
Un sommet européen de la honte
Les 28 et 29 juin, les dirigeants européens tiendront un énième « sommet » pour mettre en place « un mécanisme de solidarité efficace avec des quotas de répartition ». Personne n’est dupe, pas même les participants à cette mascarade à l’échec annoncé. Mais à défaut d’harmonisation des politiques nationales, la seule philosophie partagée par tous sera celle de la « fermeté », de la fermeture des frontières, et de la répression. Ainsi, lors d’un voyage à Tripoli le 25 juin, Salvini et les autorités libyennes ont conclu un nouvel accord financier destiné à la création de nouveaux hotspots (prisons) dans lesquels seront déportés préventivement les migrantEs tentant le voyage vers les côtes italiennes. Il a aussi réaffirmé la fermeture des ports et la mise hors-la-loi des ONG portant secours aux migrantEs. La France et l’Allemagne défendront l’ouverture de camps fermés (prisons) sur le sol européen, et le renforcement significatif des moyens de Frontex, l’agence européenne chargée du contrôle des frontières.
Développer la mobilisation
Le 26 juin, les sénateurs français ont adopté sans surprise le projet de loi asile et immigration, qui sera ensuite ratifié par la commission paritaire des deux assemblées et voté probablement dans les premiers jours de juillet. C’est dans ce contexte éminemment pesant que les marcheurEs du Vintimille-Londres continuent leur périple à travers la France, entamé il y a deux mois. Profitant de ce contexte, la mouvance identitaire multiplie les messages haineux à leur encontre sur les réseaux sociaux. Les services de renseignement ont même prévenu les marcheurs que leur cortège risquait d’être attaqué. Comment s’en étonner quand le ministre de l’Intérieur décide de ne pas poursuivre en justice leurs militants lorsque ceux-ci jouent les supplétifs de la police à la frontière franco-italienne ? Mais les marcheurEs ne se laissent pas intimider par ces menaces, ils et elles retiennent surtout les nombreux témoignages de sympathie que suscite leur manifestation.
Toutes et tous à Calais samedi 7 juillet !
La marche Vintimille-Londres et la marche des solidarités appellent à faire de la dernière étape française, qui s’arrêtera à la frontière avec l’Angleterre, un point fort de la mobilisation contre l’Europe forteresse et en soutien aux migrantEs. Il faut faire de cette date un grand rassemblement de touTEs les antiracistes et antifascistes qui ne supportent plus de rester l’arme au pied devant les crimes des autorités européennes ! Les militantEs du NPA répondront présents à cet appel, et participent d’ores et déjà à l’organisation concrète de l’événement. Des cars partiront de Paris (voir page Facebook « Marche des solidarités »), et une cagnotte pourra permettre aux associations, partis et syndicats de participer financièrement, permettant ainsi d’assurer la gratuité du voyage pour les migrantEs. Rejoignez-nous nombreuses et nombreux pour exiger l’ouverture de la frontière avec l’Angleterre, exiger l’arrêt immédiat de l’hécatombe aux portes de l’Europe, l’abrogation de toutes les lois racistes et réaffirmer notre désir de « fraternité », oublié par leur « république » !
Alain Pojolat