Publié le Samedi 24 décembre 2016 à 09h47.

MigrantEs : Un homme est mort

« Vu la situation à Paris, on s’attend à revenir dans pas longtemps ». Nous sommes le 16 décembre à Saint-Denis. Et c’est un CRS qui parle.

Il ne devait plus y avoir de campements à Paris ? Un nouveau campement de migrantEs vient d’être évacué. Les cars ont emmené plus de 300 d’entre eux vers des gymnases.D’autres avaient décidé de quitter les lieux auparavant commençant à identifier les dangers de ces « mises à l’abri » qui deviennent des assignations à résidence pour les dublinéEs.

Cela fait un peu plus d’un mois que le camp dit « humanitaire » de la porte de la Chapelle a ouvert. Mais il est débordé. Des réfugiés s’installent pour faire la queue pendant la nuit dans l’espoir d’avoir une chance d’entrer. Plusieurs fois les flics les ont gazé. Car ce centre, bien loin d’être une solution d’accueil, est en fait un sas de tri rejetant ceux et celles qui sont déboutés du droit d’asile, envoyant les autres à la préfecture pour identifier ceux et celles qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays, les « dublinéEs ».

L’existence de ce centre permet de légitimiter la chasse aux migrantEs par la police tout autour de Stalingrad et de La Chapelle. Pas pour offrir une solution mais pour empêcher tout début de réinstallation d’un campement. C’est ce qui a poussé des migrantEs à franchir le périphérique, juste de l’autre côté de la porte de la Chapelle pour s’installer à Saint-Denis. En quinze jours, ce campement est passé d’une centaine de migrantEs à près de 700.

Vers un 19 mars antiraciste

Cela fait désormais près de deux mois que le bidonville de Calais a été détruit puis les campements de Stalingrad mais rien n’est résolu tandis que le pouvoir met progressivement en place le dispositif pour assurer l’expulsion des dublinéEs, de plus en plus nombreux et nombreuses parmi les migrantEs. Plus de 40 000 seraient déjà répertoriéEs pour 2016 et l’objectif gouvernemental est de les assigner à résidence pour assurer ce qu’il nomme pudiquement leur « transfert ».

Alors la situation se tend dans de nombreux centres. À Réalville dans le Tarn-et-Garonne, 19 mineurs afghans évacués de Calais et qui veulent aller en Angleterre se sont mis en grève de la faim le 16 décembre tandis qu’une vingtaine d’autres ont manifesté à Batz-sur-Mer en Loire-Atlantique.La politique du pouvoir donne confiance aux racistes. Des centres d’accueil de migrantEs ont été attaqués ces dernières semaines. À Boulogne-Billancourt le 16 décembre, c’est un foyer de travailleurs immigrés qui a été incendié. Et un travailleur est mort.Plus que jamais il est indispensable que le mouvement antiraciste se mobilise aux côtés de tous les migrantEs qu’ils et elles soient en situation régulière, demandeurs d’asile ou sans-papiers, pour imposer la liberté de circulation et d’installation et contre les violences, notamment policières.Une date commence à circuler pour une grande marche, pour la dignité et la justice, le 19 mars prochain. Ce week-end là, des manifestations auront lieu dans toute l’Europe. L’occasion de renverser le courant.

Denis Godard