Publié le Jeudi 11 juin 2015 à 09h26.

Migrants de Paris La Chapelle (18e) : mensonges et matraques !

En moins d’une semaine, le quartier de La Chapelle, déjà fortement contrôlé par la police, s’est transformé en véritable « aire de jeux » pour les forces de répression. 19 années après l’évacuation des sans-papiers de l’église Saint-Bernard par un gouvernement de droite, des centaines de migrants fuyant les guerres ou la misère économique subissent l’implacable répression d’un gouvernement... « de gauche ».

Multiculturel et populaire, encore préservé de la « gentrification », le quartier de La Chapelle, à quelques centaines de mètres des gares de l’Est et du Nord, a depuis toujours été le point de passage obligé des migrants. Il est la vitrine même des contradictions qui agitent ce monde. Les gouvernants voudraient rendre invisibles ces damnés de la terre, souvent venus d’Afrique, en quête d’un droit d’asile ou juste en transit pour un autre pays européen.
Raflés une première fois sous le métro aérien où ils avaient établi un campement de fortune, puis dispersés pour mieux les isoler, les migrants se sont dès le lendemain regroupés dans un square du quartier, dont ils furent à nouveau délogés. Depuis le vendredi 5 juin, accompagnés par des soutiens et des associations du quartier, ils ont fait de la Halle Pajol leur nouveau point de ralliement.

L’escalade dans la violence
Lundi 9 juin après midi, alors qu’aucune raison ne le justifiait, gendarmes mobiles, CRS et flics de la BAC investissaient le quartier, déployant une logistique totalement disproportionnée. Sous les huées des riverains, les flics survoltés entouraient migrants et soutiens, puis se livraient à une généreuse distribution de coups de matraque et de jets de lacrymogènes, n’épargnant pas les quelques éluEs présents affublés de leur écharpe tricolore.
Tabassés et traînés dans les cars, les migrants étaient péniblement acheminés vers le commissariat de la rue de l’Évangile devant lequel plus d’une centaine de personnes se sont rapidement regroupées pour exiger leur libération.

Un bilan lourd, mais une mobilisation intacte
82 migrants ont été interpellés au cours de cette opération, dont une quarantaine ont été placés dans les centres de rétention de Vincennes et du Mesnil-Amelot. 15 personnes, victimes des violences policières, ont été blessées suffisamment sérieusement pour être prises en charge et amenées à l’hôpital. 
L’objectif de cette agression policière était de terroriser migrants et soutiens, mais elle a échoué. Le soir même, les migrants qui avaient échappé aux arrestations ou qui venaient tout juste d’être libérés, se réunissaient à nouveau, entourés des soutiens et de riverains de plus en plus actifs. Une nouvelle fois, l’intervention de la police empêchait la distribution des repas, et des solutions collectives d’hébergement étaient trouvées pour la nuit.

Front uni contre la répression
L’ensemble des organisations de gauche et des associations de l’arrondissement se sont réunies pour organiser mardi 9 juin un rassemblement parisien de solidarité avec les migrants. Nous défendons les revendications essentielles des migrants : arrêt du harcèlement policier, libération des personnes arrêtées, mise à disposition d’un local collectif d’habitation et d’organisation permettant aux migrants de se reposer et d’entreprendre les démarches nécessaires au règlement de leur situation.
Ces revendications doivent être satisfaites au plus vite et ne sauraient attendre le résultat des hypothétiques vœux déposés en mairie par les élus du Front de gauche ou de EÉLV. Elles ne sauraient non plus entrer dans les divisions que voudrait instaurer le pouvoir, en créant des différences de traitement entre demandeurs de droit d’asile, déboutés du droit d’asile, ou migrants en transit. Comme l’affirment depuis des années les sans-papiers : « le cas par cas, on n’en veut pas, régularisation de tous les sans-papiers ! »

Alain Pojolat

Un rassemblement a lieu ce soir à 17h00 à Cité La Chapelle (Métro La Chapelle) pour accompagner les migrants et imposer un lieu d'hébergement pour le soir même.