Rien de vraiment nouveau sous le soleil de Lampedusa. La mer continue d’y charrier son lot de cadavres : plus de 3 000 migrantEs morts depuis janvier, alimentés par les conflits qui frappent la Syrie, la Libye, la Somalie ou l’Érythrée : les frontières terrestres étant plus que jamais verrouillées par l’UE, leurs victimes n’ont guère d’autre choix que de prendre la mer sur des embarcations de fortune.
Depuis fin 2013, l’Italie a mis en place une opération de sauvetage dite « Mare Nostrum » qui, intervenant assez loin des côtes jusque dans les eaux libyennes, a au moins permis de sauver plusieurs dizaines de milliers de personnes. Mais les Italiens menacent d’y mettre un terme si l’Europe ne prend pas le relais. Or, imaginer que cela pourrait relever d’un dispositif du type Frontex +, comme cela est aujourd’hui évoqué, tient de la sinistre plaisanterie puisque, jusqu’à nouvel ordre, ce sont bien les contrôles qui sont responsables du nombre de morts.
L’équation est en effet immuable. Puisque les migrants sont prêts à risquer leur vie – qui, dans les pays qu’ils fuient, ne se monnayent de toute façon plus pour grand-chose – prétendre s’opposer à leur venue, c’est les exposer à payer comptant ce prix. Une tragédie de situation, une implacable logique, découlant d’une volonté politique délibérée.
La Méditerranée, de ce fait, n’est pas le seul théâtre de tels drames. À Mayotte, dans l’océan Indien, ce sont des milliers de corps qui se sont échoués sur les plages depuis l’instauration en 1994 du visa Balladur destiné à s’opposer à l’immigration en provenance des autres îles des Comores. Les gouvernements français successifs sont directement responsables de cette hécatombe et l’actuel n’est bien sûr pas près de revenir sur cette mesure.
Le nombre d’hommes et de femmes qui, dans le monde, n’auront jamais atteint le pays de leurs rêves est impossible à déterminer. La Mort, elle, circule librement.