Ah ! Les droits de l’homme made in France. Un de nos plus fameux produits d’exportation, pour reprendre les catégories opératoires de la « gouvernance » Vallsolande. Un peu surfait cependant...
À ce propos, la Cour européenne des droits de l’homme vient encore de se pencher sur un dossier quelque peu gênant, celui de la perpétuation de l’enfermement d’enfants en bas âge que l’on souhaite expulser fissa : deux par-ci et encore deux par-là, cela ferait sans doute à la longue trop de bouches à nourrir (il n’y a que les riches pour vivre au-dessus de nos moyens) ! À moins de considérer plutôt que telle fillette tchétchène de 2 ans et demi et sa sœur de 4 mois sont en puissance de dangereuses terroristes ou qu’un Roumain de 4 ans serait déjà capable, le petit saligaud, de vous chourer votre portefeuille. Non, pas question de recevoir chez soi tout ce beau monde. Bouclez-moi ça et dehors ! L’ordre public, vous comprenez.
la Cour européenne, elle, relève tout de même qu’il y a là quelque chose d’« assimilable à un traitement inhumain ou dégradant, et donc contraire à la Convention européenne des droits de l’homme ». À travers le rappel d’un principe évident, elle est simplement dans son rôle tout comme le Défenseur des droits, Jacques Toubon, quand il s’était risqué l’an passé à demander qu’il soit interdit par la loi de placer les enfants de migrants en rétention.
Les organisations qui, depuis des années se battent contre une pratique où le ridicule le dispute à l’odieux, se montrent plus concrètes. Ainsi, le secrétaire général de la Cimade précise : « La rétention administrative, c’est un univers carcéral, avec des barbelés, des verrous, une surveillance policière... C’est traumatisant pour toutes les personnes enfermées, au seul motif de papiers pas en règle, mais ça l’est encore plus pour des enfants. C’est de la maltraitance, même pour un jour ou deux ».
« La protection de l’intérêt supérieur des enfants » ?
On peut imaginer que le candidat François Hollande en avait conscience quand, en mars 2012, il prenait l’engagement, en réponse à une interpellation de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers et de RESF, « de mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants... », notant alors : « La protection de l’intérêt supérieur des enfants doit primer comme nous le rappellent de nombreuses conventions internationales que la France a signées, et en particulier la Convention européenne des droits de l’homme et la Convention internationale de l’enfant ».
Mais c’était sans compter sur ce foutu « principe de responsabilité » : face à la déferlante de migrantEs qui menace – bien sûr ! – de nous submerger, il a été choisi de ne plus avoir d’état d’âme, et c’est ainsi que « l’humanité » faisant une fois de plus les frais de « la fermeté », le nombre de mineurs placés en CRA, qui était tombé de 500 à 45 entre 2011 et 2014, s’est à nouveau élevé à 105 en 2015...
Et l’on ne parle pas de la colonie républicaine de Mayotte où, en dépit d’une politique revenant, du fait des contrôles incessants en mer, à laisser migrantEs adultes et enfants confondus se noyer, le nombre de mineurs rescapés et internés en CRA avant expulsion vers les riches Comores se montait encore à 3 512 en 2013 et s’est élevé à 4 378 en 2015.
Alors, on ne manquera pas de nous dire avec aplomb que toute autre orientation ferait le jeu du Front national. Ils n’ont apparemment pas encore compris que, comme chaque élection le démontre pourtant, l’original sera toujours préféré à la copie, si bien imitée soit-elle.
François Brun