Publié le Samedi 11 janvier 2014 à 07h22.

Paris : mineurs étrangers maltraités

Le 19 décembre dernier, six jeunes mineurs étrangers se sont vus, selon les mots choisis de l’association France terre d’asile, « proposer une sortie » du dispositif de mise à l’abri (DMA) que cette très institutionnelle association gère sous convention de la Ville de Paris, via l’ASE (Aide sociale à l’enfance).

Ce dispositif permet à 75 jeunes mineurs de dormir sous un toit. En termes plus parlants, ces six jeunes étaient donc, en guise de cadeau de Noël, tout bonnement jetés à la rue. Dès le lendemain, un rassemblement d’organisations solidaires et de jeunes devant le foyer où ils étaient hébergés débouchait, à la faveur d’une rencontre sur le perron avec Pierre Henry, directeur général de l’association, sur l’obtention d’un délai de grâce de 15 jours (au lieu de 2 !) et la promesse d’une rencontre d’ici là avec l’ASE.Les jeunes et les organisations solidaires n’ont heureusement pas attendu l’expiration du délai de 2 semaines pour relancer la mobilisation, et dès le 2 janvier au matin, près d’une centaine de personnes se sont retrouvées devant le foyer et se sont dirigées vers la mairie du 20e arrondissement dont les grilles ont été aussitôt fermées. Fortement mobilisés, des représentants des jeunes ont pris la parole.

Pression, répression, mobilisationOn connaît déjà la manière dont l’ensemble des mineurs étrangers isolés peuvent être privés en France de la protection qui leur est due, au gré de « tests osseux » dont à peu près tout le monde s’accorde à reconnaître le danger (exposition aux radiations) et l’absence de fiabilité. Les jeunes ont donné des détails sur l’insalubrité propre à ce foyer (punaises, plus d’eau chaude depuis 15 jours…), et l’absence d’encadrement (seulement 2 éducateurs) et ont insisté sur les obstacles opposés à une scolarité normale : situation anormale, absence de cours de langue, pas de tickets de transport, etc.En dépit de la mauvaise volonté patente des services municipaux, de la répression policière qui s’abat sur les jeunes dès qu’ils ont l’audace de se mobiliser seuls (comme le 23 décembre, où rassemblés devant l’ASE, ils ont été brutalement dispersés), des mesures de rétorsion allant jusqu’au licenciement illégal de membres du personnel qui se rebiffent, la mobilisation se poursuit. Un rendez-vous à la mairie du 20e a été arraché, un communiqué unitaire réitère la demande de solutions de relogement réel pour les six jeunes et de rencontre rapide entre l’association, les jeunes du foyer et les soutiens. La pression doit continuer.

François Brun