Les sans-papiers s’inviteront à la clôture du sommet France-Afrique qui doit se tenir du 31 mai au 2 juin. Ce sera l’occasion de remettre sur le devant de la scène la lutte pour la régularisation de tous les sans-papiers et de développer la solidarité sur le parcours de la marche de Paris à Nice. Cette année le sommet France-Afrique se tiendra à Nice du 31 mai au 2 juin en parallèle de la commémoration du cinquantième anniversaire des indépendances des pays africains. À cette occasion, les collectifs de sans-papiers réunis au ministère de la Régularisation de tous les sans- papiers ont décidé d’organiser une longue marche qui partira de Paris le 1er mai et parviendra à Nice la veille du sommet, pour réclamer la régularisation de tous les sans-papiers.On pourrait s’étonner qu’un tel sommet à l’initiative de la France conclut l’année de célébration du cinquantenaire des indépendances alors même que Nicolas Sarkozy a décliné toutes les invitations à participer aux célébrations officielles qui se sont déroulées dans quatorze des anciennes colonies françaises. Mais personne n’est dupe, sous couvert d’entretenir l’amitié franco-africaine ou d’aider au développement de l’Afrique, la raison d’être de cette grande messe n’est autre que l’urgence de préserver les intérêts impérialistes français dans le pré carré que constituent ses anciennes colonies face à l’influence croissante de la Chine. C’est pourquoi le sommet de Nice s’ouvre pour la première fois aux chefs d’entreprises qui œuvrent sur le continent africain. Cette délégation, composée de 80 Français et de 150 Africains représentera plus d’un quart des délégués du sommet. Malheureusement, on sait aussi trop bien que la défense des intérêts nationaux à l’étranger, dans la concurrence effrénée que se livrent les différents impérialismes, va souvent de pair avec des politiques nationales xénophobes, permettant de justifier idéologiquement cette guerre de tranchée. C’est également la raison pour laquelle la marche Paris-Nice pour les sans-papiers s’inscrit d’emblée dans une dynamique plus globale de dénonciation des politiques xénophobe et post-coloniale de la France, ici ou en Afrique, et de la complicité des chefs d’États africains dans leur mise en œuvre. Outre cette dénonciation nécessaire et le fait de remettre au cœur de l’actualité politique la question des sans-papiers, c’est aussi le développement du mouvement de solidarité avec tous les sans-papiers que vise cette initiative. De ce point de vue, c’est déjà une réussite puisque des collectifs unitaires regroupant forces politiques, associatives et syndicales qui n’avaient pas toujours l’habitude de travailler ensemble se mettent en place un peu partout le long du trajet pour accueillir les marcheurs et proposer des initiatives politiques parfois de grande ampleur autour de la marche. C’est le cas notamment à Vitry-sur-Seine, Melun, Dijon, Avignon, Marseille, Cannes, Nice, etc. C’est d’autant plus une réussite que cette dynamique permet de commencer à dépasser les divergences qui ont pu paralyser le mouvement de solidarité avec les sans-papiers en opposant la lutte des travailleurs sans papiers à celle des collectifs. Mais bien au-delà, la perspective de cette marche à la suite de l’exemplaire mouvement de grèves de sans-papiers, ainsi que le développement, l’émergence et la convergence de larges collectifs de soutien, ouvrent la possibilité de commencer à fédérer un mouvement antiraciste d’ampleur nationale regroupant aussi bien les réseaux traditionnels de soutien aux sans-papiers que les réseaux antiracistes, anticoloniaux, les associations des quartiers populaires ou les organisations politiques et syndicales de gauche, tâche aussi urgente que nécessaire.
Ambre Bragard