65,3 millions, c’est le nombre d’hommes, de femmes, et pour plus de la moitié d’enfants, recensés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 2015, soit en moyenne 24 personnes chaque minute contraintes de fuir les guerres et les persécutions. Ce chiffre a augmenté de plus de 50 % au cours des cinq dernières années. Ils et elles sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays (40,8 millions), réfugiéEs ou encore demandeurs et demandeuses d’asile (3,2 millions de personnes attendent des décisions en matière d’asile dans les pays industrialisés).
Trois pays génèrent la moitié des réfugiéEs dans le monde : la Syrie avec 4,9 millions, l’Afghanistan avec 2,7 millions, et la Somalie avec 1,1 million. La Colombie avec 6,9 millions, la Syrie avec 6,6 millions, et l’Irak avec 4,4 millions, comptent quant à eux le plus grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays.
Gardons en mémoire que ces chiffres, pour terrifiants qu’ils soient, ne concernent qu’une part minoritaire de celles et ceux qui sont condamnés à quitter le lieux où ils et elles vivent, ou plutôt survivent. Les réfugiéEs environnementaux, fuyant la montée des eaux, les sécheresses, les ouragans, les tremblements de terre, l’érosion des sols, les catastrophes industrielles et technologiques, n’ont, eux, aucun statut. Leur nombre a pourtant dépassé celui des victimes des guerres et persécutions, les seules reconnues par le HCR...
L’horreur n’est ni seulement ni d’abord dans les chiffres. Le Haut commissaire déclare que le fait que « davantage de personnes sont déracinées par la guerre et la persécution est déjà inquiétant en soi, mais surtout les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient également ». Plus précisément : « Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. »
Ainsi, rappelons que 2 800 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de traverser la Méditerranée. L’accueil, faut-il le répéter encore et encore, repose d’abord et avant tout sur les pays du sud, sur les pays les plus pauvres, et les plus proches des zones de conflit. La répression qui s’abat sur les migrantEs, sur tous les migrantEs, tue. La seule réponse digne et humaine reste l’ouverture des frontières et la liberté de circulation.
Christine Poupin