Huit familles à la rue, 37 personnes dont 24 enfants : la preuve que l’État ne respecte pas sa loi, et que la DDCSPP (direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) ne remplit pas sa mission qui est d’organiser la mise à l’abri des personnes vulnérables, et la confirmation que la mairie de Rennes (PS, PCF, EÉLV) ne respecte pas ses engagements de ne laisser aucune famille avec enfants à la rue. Alors, face au refus obstiné des institutions d’assumer leurs responsabilités, les assos prennent les rênes.
Sous l’égide du collectif Réquisition (-UTOPIA56, le DAL, UTUD et le GL1410) appuyé par l’inter-orga de solidarité avec les exiléEs, une opération campement a été lancée le 14 avril, avec l’installation par 100 personnes de 50 tentes sur la place de la mairie, en vue d’obtenir la réquisition de bâtiments vides. À Rennes, il y en a des dizaines !
15 avril : répression
Le protocole « Campement place de la mairie » est un classique bien rodé que les assos activent régulièrement, sans incidents, et le plus souvent avec des résultats... Mais cette fois, la préfecture a décidé de nous virer : dès 19 heures la police a débarqué, qui a aussitôt débuté un contrôle d’identité. Nous étions là depuis 2 heures, ni la préfecture ni la mairie ne daignent entendre nos revendications, et voilà leur seule réponse ! Nous avons obtenu de tenir une AG, et décidé de quitter la place, à condition que le contrôle s’arrête et que nous puissions emporter nos tentes... Mais le 15, nous sommes revenus et, cette fois, alors que nous n’avions toujours aucune réponse quant à la mise à l’abri des familles, les flics ont contrôlé une vingtaine de militantEs et raflé les tentes. Les tentes seront rendues, et les camarades verbaliséEs 1.
18 avril, 23 avril, interdiction !
Alors que, dès le jeudi 15 avril, la Fondation Abbé-Pierre et le Secours catholique ont annoncé prendre en charge la mise à l’abri des familles, nous avons décidé de revenir place de la mairie le lundi. Rassemblement interdit au motif d’un délai trop court de déclaration. Nous déposons une nouvelle déclaration le 20 pour un rassemblement le 23. Nouvelle interdiction au même motif ! Il n’y a donc aucun doute : nous avons bel et bien affaire à une instrumentalisation par la préfecture de l’état d’urgence sanitaire pour nous faire disparaître de l’espace public, pour nous faire taire, pour rendre invisible sa propre incurie ! Alors, le 23, nous manifestons au sein du cortège contre la réforme chômage et la prise de parole du collectif est bien accueillie...
Nous ne lâcherons rien
La préfecture aura beau faire, avec le silence complice de la mairie, nous ne renoncerons pas, et tant que des personnes seront à la rue, nous reviendrons ! Dans quelques jours, la prise en charge des familles par les assos va prendre fin : nous saurons alors, d’une manière ou d’une autre, exiger de la préfecture et de la mairie qu’elles prennent leurs responsabilités.
1 – Nous reviendrons sur la répression dans un prochain article.