Publié le Lundi 13 septembre 2010 à 23h24.

Retraite des travailleurs étrangers

On connaît le scandale des étrangers sans papiers cotisant à la Sécu sans bénéficier de couverture sociale. Mais il y a aussi celui des étrangers en situation régulière qui cotisent pour la retraite et ne bénéficient pas de tout ce à quoi ils pourraient prétendre, souvent par manque d’information et impossibilité de se défendre. La Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) ne va plus au devant des assurés pour leur faire connaître leurs droits. Elle se contente de répondre aux questions posées par une infime minorité de personnes, celles qui sont plutôt avisées et maîtrisent la langue française. La Cnav ferme des points d’accueil, les seuls endroits où de nombreux travailleurs immigrés peuvent venir chercher des informations et exposer leurs problèmes oralement, ce qui est beaucoup plus facile pour la grande majorité d’entre eux. Les organismes multiplient les obstacles et parfois même donnent des informations volontairement incomplètes. Ainsi, de nombreux travailleurs étrangers s’entendent dire que l’âge légal de la retraite est de 65 ans. Or, il s’agit de l’âge de départ permettant d’avoir une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres. Mais on peut partir en retraite dès 60 ans, l’âge légal de départ à ce jour. L’information ainsi tronquée dissuade les travailleurs étrangers de faire valoir leurs droits à la retraite. Plus grave, certains travailleurs étrangers reçoivent plusieurs numéros de sécurité sociale. Cela coupe leur carrière en autant de morceaux, avec une retraite nulle ou dérisoire en bout de piste. Dans un cas, un retraité étranger a été déclaré mort par la Cnav. Quand ce travailleur bien vivant a protesté, son dossier a été remplacé par un dossier plein de chiffres falsifiés avec trois numéros de sécurité sociale. L’affaire est actuellement devant le Tribunal des affaires de Sécurité sociale de Paris. Selon une employée d’une caisse régionale, ces attributions de numéros multiples seraient une pratique courante utilisée à l’encontre des travailleurs étrangers, moins informés de leurs droits. Il reste à évaluer l’ampleur du phénomène : est-il pratiqué à une large échelle ? Pour répondre à la demande d’économies formulée par Éric Woerth, la Cnav réduit ses effectifs et supprime le contrôle systématique de tous les dossiers. Les étrangers ne sont pas en mesure de savoir à quelle sauce ils seront mangés, ni d’exercer le moindre contrôle sur les sommes calculées au moment de prendre leur retraite. Richard Wagman