Après des décennies de silence honteux, l’histoire du Camp de Rivesaltes sort de l’oubli. De 1941 à 2007, centre d’hébergement, d’internement, de concentration, puis de « rétention administrative », ce camp proche de Perpignan est un concentré des politiques d’enfermement des étrangers. Parias d’hier, Républicains espagnols, Tsiganes, juifs européens, prisonniers allemands et italiens, Algériens du FLN, supplétifs guinéens, indochinois, harkis et enfin migrants sans-papiers, tous ont payé un lourd tribut à la ségrégation et au racisme de l’État français inhérents au capitalisme. Le Mémorial qui vient d’ouvrir ses portes doit éclairer le passé et leur rendre hommage.
Mais ce fut un bien cynique hommage qui a été rendu par Valls, venu l’inaugurer le jeudi 15 octobre, avec, parmi les invités, Louis Aliot, le numéro 2 du FN ! Une présence répugnante et insultante. Valls osa parler de « fraternité » et de « lutte contre le racisme », alors que son gouvernement chasse les Roms, jette à la rue les sans-papiers, est complice de l’ignominieux traitement des migrants de Calais, et, devant le drame terrible des réfugiés du Moyen-Orient, marchande sur le nombre de Syriens à accueillir. Symbole de ce cynisme, parmi les 5 stèles sur le site, seules 4 ont été honorées par les cérémonies inaugurales. La cinquième, érigée en hommage aux migrants passés par le centre de rétention, en a été écartée !
Dans sa déclaration, le Collectif 66 des sans-papiers et son comité de soutien ont interpellé Valls et son gouvernement « Qu’en sera-t-il des parias d’aujourd’hui, réfugiés et sans-papiers ? Faudra-t-il attendre 75 ans pour reconnaître une faute qui serait commise en 2015 ? »