Le 30 mai a surpris tout le monde et en premier lieu… le pouvoir. Des rassemblements et manifestations ont eu lieu dans une dizaine de villes. À Paris des milliers de sans-papiers ont bravé l’interdiction de manifester et débordé le dispositif policier pour manifester d’Opéra à République.Ce faisant, ils et elles ont ouvert la première brèche dans laquelle se sont engouffrés des dizaines de milliers de jeunes manifestant à partir du 2 juin contre le racisme et les violences policières. Le samedi 13 juin un cortège de collectifs de sans-papiers et de la Marche des Solidarités était à République, à Paris, au côté du comité Adama pour exiger vérité et justice pour toutes les victimes des violences policières et racistes.
Extension de la mobilisation
Ce samedi 20 juin, les sans-papiers seront encore plus nombreux et nombreuses à Paris et dans toute la France. De nouveaux collectifs sont en train de se créer, comme à Montreuil ou à Marseille. Des processus sont en cours à Toulouse ou Nice. Des réseaux de sans-papiers de la communauté bengalaise et de la communauté maghrébine se mobilisent au côté des collectifs déjà présents dans la Marche des Solidarités. Des manifestations s’organisent dans de nombreuses villes, Marseille, Lyon, Lille, Rennes, Grenoble, Rouen, Saint-Étienne, Montpellier, Lannion, Le Havre… Les liens se développent avec l’Italie où une nouvelle manifestation est appelée à Bologne.
Il y avait plus de 200 collectifs et organisations qui soutenaient l’appel au 30 mai sur tout le territoire. Cela s’amplifie aussi pour le 20 juin. Le réseau des États généraux des migrations a rejoint l’appel, ainsi que la Cimade. Aux syndicats qui appelaient déjà pour le 30 mai dont l’Union syndicale Solidaires, la CNT, la CNT-SO, le Syndicat de la médecine générale ou le SNPES-PJJ/FSU s’est ajouté la CGT Énergie Paris. Et, lundi 15 juin, la Confédération CGT a lancé un appel à participer aux manifestations du 20 juin « des premiers de cordée qui doivent être régularisés ». Lors de leur rencontre avec le gouvernement, les syndicats ont exigé la régularisation des sans-papiers.
Contre le « patriotisme républicain »
Pendant le confinement, les sans-papiers étaient parmi les premierEs de cordée au travail dans les secteurs dits « essentiels », surexploités sans vergogne parce que considérés comme sans droits. Ils et elles étaient aussi les premierEs de cordée des victimes de la crise, mis au chômage sans revenu, mal logés ou à la rue. Laisser faire cela c’est accepter les arguments qui se retourneront contre tous et toutes. C’est laisser s’aggraver, sous prétexte de la crise, la politique d’exploitation et les arguments nationalistes et racistes. Le 30 mai, les sans-papiers ont montré qu’ils et elles n’étaient pas que des victimes des politiques racistes et coloniales, mais aussi les premierEs de cordée de la lutte. À Paris, le 20 juin, la manifestation opérera une jonction, dans le 20e arrondissement, avec l’hommage organisé pour Lamine Dieng tué par la police en 2007.
Lors de son intervention du 14 juin Macron, n’a pas eu un mot pour les sans-papiers. Il a par contre exalté le « patriotisme républicain » et asséné que « la République n’effacera aucun nom de son histoire » revendiquant ainsi le passé colonial et raciste de ces noms « républicains ». C’est que sa politique actuelle s’inscrit toujours dans cette logique. C’est elle qui assassine des milliers de migrantEs chaque année sur les routes de la migration, qui sème la misère et la guerre dans les pays du sud, légitime en France les inégalités et toutes les politiques racistes et discriminatoires.
Alors pour déboulonner Macron, contre le racisme et la logique coloniale, pour l’égalité des droits, la liberté de circuler, la régularisation de touTEs les sans-papiers, la fermeture des Centres de rétention et le logement pour touTEs, il faut rejoindre massivement les sans-papiers ce 20 juin. Avec ou sans papiers, même si Macron le veut pas, on est là !