Soroush Habib avait 21 ans, il demandait l’asile, un toit, de l’aide. Le samedi 25 mai à l’aube, il s’est donné la mort dans un parc à Strasbourg.
Soroush Habib survivait depuis plusieurs mois dans ce parc, avec des dizaines d’autres personnes, majoritairement des demandeurs d’asile originaires du Nigeria, Guinée, Kurdistan irakien, Afghanistan et des Français à la rue. Le jour de son suicide, dans l’urgence et grâce à l’activisme de réseaux de solidarité, un rassemblement a pu être organisé au centre-ville pour ne pas laisser cette mort dans l’anonymat et permettre aux occupantEs du parc d’exprimer leur colère contre les conditions de vie inhumaines qui ont conduit au suicide de Soroush et contre la prison à ciel ouvert que constitue le système des frontières et Dublin.
« La rue en deuil, États criminels »
Le rassemblement place de la Gare s’est vite transformé en manifestation d’une cinquantaine de personnes, en direction de la place Kléber, où les premiers concernés ont pu exprimer leur colère au mégaphone directement face aux strasbourgeoisEs et dénoncer les conditions d’accueil et le système des frontières qui tue. Sur les banderoles confectionnées dans l’urgence, on pouvait lire, « Stop Dublin, open borders », « La rue en deuil, États criminels », « Kobi Habib Forever » et « Les assassinats camouflés du 115 » afin de cibler l’absence d’hébergement sur la ville.
La présence de journalistes et une médiatisation importante, y compris sur les réseaux sociaux, ont permis la présence de soutiens pour soutenir les interpellés durant la manifestation, qui ont été passés à tabac en garde à vue, et de faire libérer de rétention un dubliné menacé de déportation vers l’Italie. Il est intolérable que l’exercice de la liberté de manifestation, avec les premiers concernés, soit remis en cause à des fins de répression des personnes dublinées !
La politique de la ville et de la préfecture consiste à détruire les campements dès qu’ils deviennent trop visibles. Depuis de nombreuses années, des campements de survie sont ainsi régulièrement brisés. Nul doute que le suicide de Soroush Habib a mis de la lumière sur un drame collectif que les autorités entendent maintenir dans l’ombre, de même que les pratiques glaçantes des associations partenaires de la ville qui n’hésitent pas à obliger des femmes enceintes à dormir sur des chaises, ou à jouer les auxiliaires de police. Le tout dans l’hypocrisie la plus totale de la ville de Strasbourg qui se targue par ailleurs de son étiquette de « ville accueillante ».
Correspondant