Il s’appelait Mamadou Traoré. Il était intérimaire sans-papiers chez Manpower. Il est mort au travail le 30 juillet et on l’a appris par hasard...
On ne sait rien de plus sinon qu’il travaillait sans doute comme terrassier au nord de Paris, sur un chantier. Manpower n’a pas fait de déclaration d’accident du travail mortel, comme l’impose la législation, car il nie être son employeur. Ce qui n’a vraisemblablement pas empêché Manpower de se faire payer...
Comme tous les sans-papiers, Mamadou travaillait sous un nom d’emprunt. Pour les patrons, vivant ou mort, un sans-papiers n’a aucune identité, aucun droit. Pour connaître la vérité, pour que justice soit faite pour Mamadou et sa famille, la CGT Manpower, la CGT intérim et l’UL de Nanterre ont appelé à un rassemblement le lundi 19 octobre devant le siège de Manpower à Nanterre.
Le lourd tribu payé à l’exploitation
Aux cris de « Manpower assassin ! », plus de 150 sans-papiers, venus pour la plupart des Yvelines, ont fait entendre leur colère. Ils demandent des comptes, avant la réunion du CHSCT extraordinaire que la direction a convoquée, contrainte et forcée. Car c’est une évidence, elle a cherché à dissimuler ce mort encombrant et devra s’en expliquer.
Affectés aux postes les plus dangereux, les travailleurs intérimaires payent un lourd tribu à ce système éhonté de surexploitation. Selon l’union syndicale CGT de l’Intérim, 34 848 intérimaires ont été victimes d’accidents du travail déclarés en 2013, deux fois plus que les travailleurs en CDI. Et 67 en sont morts. Les travailleurs sans-papiers, qui pourtant payent des impôts et des cotisations sociales, n’ont aucune protection.
De gauche comme de droite, les gouvernements successifs ferment les yeux sur ce système inique et meurtrier, sur ce néocolonialisme de l’intérieur. La lutte contre l’oppression et l’exploitation passe d’abord par l’égalité des droits et la régularisation de tous les sans-papiers.
Correspondants