Publié le Jeudi 24 mars 2011 à 14h51.

« Tu n’es pas la bienvenue Mme Le Pen ».

C’est avec ces mots que les jeunes lycéens de Lampedusa ont accueilli le lundi 14 mars la visite de Marine Le Pen et de Mario Borghezio, député européen de la Lega Nord (Ligue du Nord) qui réussit l’exploit d’être le plus raciste des membres de son parti. Le gouvernement italien et le ministre de l’Intérieur Maroni (membre de la LdN), ont décidé d’aggraver les conditions de vie des migrants qui débarquent à Lampedusa et des habitants de l’île. Ils ont enfermé quelques milliers de migrants dans un centre d’accueil de 850 places à peine, dans des conditions d’hygiène dramatiques et en bloquant toute procédure de demande d’asile. Des bateaux de la marine italienne patrouillent le bras de mer entre Lampedusa et l’Afrique à la recherche d’embarcations de migrants en provenance de Tunisie et de Libye. Ces poursuites ont fait des dizaines de morts ces derniers jours : des bateaux se sont renversés au large et on pense qu’il y a eu des collisions avec des bateaux militaires. Cette zone de la Méditerranée confirme son statut tragique de cimetière de migrants.La stratégie du gouvernement est de rendre impossible l’entrée en Italie des migrants venus du Maghreb, en invoquant une situation d’urgence. En effet, de nombreux représentants institutionnels du gouvernement, même s’ils ne le soutiennent pas explicitement, espèrent que Kadhafi restera au pouvoir pour contrôler les flux migratoires qui traversent la Libye, ou bien que les nouveaux gouvernements de la zone tiendront les engagements du dictateur de Tripoli.L’hypocrisie de la droite italienne, mais aussi de larges secteurs du centre-gauche, qui insistent publiquement sur la nécessaire démocratie en Libye, Tunisie et Égypte, est démentie par les accords commerciaux contractés avec Kadhafi, en pleine révolte libyenne. La vente d’armes à la Libye a été une des affaires les plus rentables du capitalisme italien. En échange, le régime libyen a signé un accord bilatéral avec l’Italie, s’engageant à bloquer les migrants qui traversent le désert libyen, en les enfermant dans des centres de rétention qui sont en réalité de véritables prisons où se déroulent toutes sortes d’abus et de discriminations. L’objectif du gouvernement Berlusconi est de faire de l’Italie l’avant-poste de l’Europe forteresse tout en soutenant autant que possible les dictatures dans les pays arabes côtiers. La loi italienne sur l’immigration est une des plus racistes d’Europe : elle ne prévoit pas le droit d’asile et elle impose une précarité forcée aux migrants qui entrent dans le pays. Ils sont considérés « travailleurs étrangers » exploitables, sans droits et sans perspective de régularisation. Les luttes des migrants de l’année passée, de la révolte de Rosarno à l’occupation de la grue de Brescia, ont démontré pourtant que le combat social des migrants fait peur au gouvernement et à la Ligue du Nord. Il s’agit donc de multiplier ces mobilisations, y compris à Lampedusa.

Felice Mometti (traduction Pablo Seban)