Opération récupération ratée ! Aliot, après s’être emparé de la mairie de Perpignan et des quatre circonscriptions du département, comptait mettre la main aussi sur « Les Déferlantes », un festival de musique renommé dans la région et au-delà. Un gros coup politique, non exempt de considérations financières.
En 2022, le festival a attiré plus de 100 000 participantEs. Le 6 janvier dernier, un communiqué commun de la mairie RN/FN et des « Déferlantes » annonce le déménagement du festival dans la ville dirigée par Aliot. Un Aliot qui, fier de sa récupération et pressé de le faire savoir, balance le jour même un tweet triomphant (retiré depuis) : « Je suis fier d’accueillir le festival "les Déferlantes" à Perpignan qui fera rayonner notre ville ! » Qui surtout les fera « rayonner », lui et son parti !
Ce qui n’échappe à personne. Et notamment pas au groupe de rock Indochine, une des têtes d’affiche du festival 2023, connu pour ses prises de position anti-FN/RN, qui poste son propre tweet (largement partagé et liké) : « Hier soir, le maire RN de Perpignan a tweeté qu’il était heureux d’accueillir le Festival Les Déferlantes. Nous demandons expressément à la direction des Déferlantes de déplacer ce festival dans un autre lieu, faute de quoi, nous annulerons notre venue. » Une saine réaction — que nous saluons — adoptée peu après par un autre groupe programmé, Louise Attaque.
La culture, instrument de défense de l’« identité nationale »
Conscients de la catastrophe financière annoncée, les organisateurs du festival (liés à une société de production filiale de Vivendi) renoncent à leur déménagement… Ce qui met Aliot en fureur, ce camouflet s’ajoutant à d’autres, récents, sur le terrain judiciaire dans des affaires qui ont suscité des mobilisations locales : son acharnement anticatalaniste contre le collège-lycée de La Bressola et son installation d’une « crèche de Noël » dans l’enceinte de sa mairie.
Bardella a volé au secours de son adversaire malheureux à la tête du RN en argumentant que « quand on fait de la musique on ne fait pas de politique.» Une déclaration certes cynique mais qui en dit long sur la façon dont le RN au pouvoir traiterait aussi la liberté d’expression et de création culturelle. Ce qui ressort du fourre-tout qu’est le programme du RN-FN sur la culture, c’est sa volonté d’en faire un instrument raciste et xénophobe de défense de l’« identité nationale » et des « valeurs et traditions de la civilisation française », à « vocation universelle », pour que « notre nation rayonne à nouveau ». La culture est aussi un terrain de lutte antifasciste !