La première victoire de la classe ouvrière grecque contre le directoire FMI, UE, BCE est venue des 300 immigrés, de plus baptisés « illégaux »! Après 44 jours de grève de la faim, ils ont fait reculé le gouvernement PASOK sur le principal, à savoir leur droit de vivre et de travailler à peu près « normalement », sans qu'ils soient constamment menacés par l'appareil de répression.
Comme l'a dit Abdul Hatzi, représentant des grévistes : « Notre victoire est une victoire pour toute la classe ouvrière » et il faut prendre ceci aussi à la lettre, dans la mesure par exemple ou la réduction à 50 des jours de travail par an requis pour continuer à bénéficier du régime santé de la sécurité sociale concerne immédiatement toute la classe ouvrière.
Certes la victoire n'est pas totale : les immigrés vont bénéficier d'un statut (et d'une carte dite de « tolérance ») plus ou moins légal et vont pouvoir notamment voyager à leur pays d'origine, mais ils vont continuer à se voir un interdit absolu de circuler dans les autres pays de l'espace Schengen (UE).
Secondo, pour être régularisés, ils doivent prouver leur résidence dans le pays depuis 8 ans (et non plus 12 ans) : pour la plupart des grévistes de la faim ceci est le cas, mais à juger des déclarations gouvernementales et de la réaction bourgeoise, les promesses ne seront pas automatiques. En effet, il faudra un amendement de la loi et devant les cris orchestrés par la droite et les médias contre un recul de l'État devant le « chantage », le gouvernement refuse d'officialiser publiquement ses accords -d'autant plus que tout ce beau monde cri aux risques de motivation des vagues des pauvres arabes qui vont venir en Grèce après les révoltes des peuples de l'Afrique du nord!
Ceci veut dire que la lutte n'est pas terminée. On peut en juger aussi de la campagne politique et médiatique qui continue et se renforce contre la solidarité et les réseaux solidaires (grecs et internationaux), accusés de « manipuler » des pauvres immigrés, pour « en réalité » contester l'ordre européen des Merkel, Sarkozy, Papandreou et compagnie. Car, en effet, l'enjeu dépasse largement la localité d'un conflit social : comme l'a déclaré le réseau de solidarité aux 300, la victoire « des 300 immigrés grévistes de la faim prouve que le seul combat perdu est celui qu'on ne mène pas. Elle montre aussi à tous les travailleurs et les travailleuses que le gouvernement du memorandum n'est pas invincible. L'esprit de lutte inflexible et une large solidarité sociale peuvent déboucher sur des résultats tout à fait concrets ».
Tassos Anastassiadis