Une fois encore, l’association L214 dénonce la maltraitance et la violence que subissent les animaux lors de l’abattage, cette fois à Mauléon-Licharre (64), après Alès et Vigan (30).
Alors que la société « humanise »de plus en plus les animaux domestiques, les animaux de ferme sont eux de plus en plus maltraités : élevages industriels et chaînes d’abattage. Ce n’est pas un hasard si Henry Ford s’était inspiré des abattoirs de Chicago quand il a inventé ses chaînes de production d'automobiles.
Tuer un être vivant est forcément violent, et le traitement à la chaîne, avec la réification des animaux qui en résulte, décuple cette violence. Mais les animaux ne sont pas des choses, et face à la mort, ils se rebiffent, certains ouvriers réagissant par plus de violence. C’est choquant mais pas surprenant dans ce qui est une des industries les plus pénibles physiquement et moralement pour les salariés, obligés de « s’endurcir » pour tenir le coup... ou changer de métier, dans des zones rurales où l’abattoir est souvent le plus gros employeur.
À l’État de prendre ses responsabilités
L’abattoir de Mauléon est certifié bio mais cela ne change rien à la chaîne d’abattage, les différences sont en amont (animaux nourris avec de l’alimentation bio et dans de meilleures conditions) et en aval (étiquetage). Et les services vétérinaires chargés de contrôler les abattoirs ont vu leurs effectifs baisser du fait du non-remplacement des départs à la retraite. Logiquement, ils concentrent leurs ressources sur les questions sanitaires.
Sensible aux sondages qui montrent que 98 % des Français considèrent que le bien-être des animaux d’élevage est important, l’Assemblée nationale vient de créer une commission d’enquête. Stéphane Le Foll, lui, s’offusque comme après chaque nouveau scandale et nous promet de mettre en place une mesure… qui existe déjà dans 86 % des abattoirs : l’obligation d’avoir des responsables de la protection animale. Dans la réalité, ce sont des salariés qui portent une seconde casquette et qui travaillent sur la chaîne ou contrôlent la qualité, soumis à une double pression, celle de leur patron et celle de leurs collègues. Et leur donner le statut de lanceur d’alerte ne changera pas la donne.
Les sanctions prises contre les salariés sont inacceptables : leur violence est le fruit de leurs conditions de travail. C’est à l’État de prendre ses responsabilités en se donnant les moyens de contrôler mais surtout en forçant un changement des conditions de travail, en particulier des cadences infernales que subissent les ouvriers des abattoirs.
Commission nationale écologie