Réponse à la lettre de Jean-Luc Mélenchon proposant une campagne pour un référendum sur l’énergie.
Dans une lettre ouverte à Hollande, Joly, Artaud et Poutou, Jean-Luc Mélenchon propose l’organisation d’un référendum sur les questions énergétiques, en partant du postulat qu’il faut dépasser le clivage sur la question du nucléaire « qui divise la gauche ».
En réalité, la question de la sortie totale du nucléaire (sans parler des rythmes de sortie), différencie les organisations qui assument un profil antiproductiviste et écologiste de celles dont ce n’est pas le projet. La teneur prévisible des accords entre le PS et Europe Écologie-les Verts sur cette question – abandon de la sortie programmée du nucléaire par EÉLV en échange d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale – indique le degré de motivation de certaines organisations vis-à-vis de leurs revendications, mais aussi l’espace ouvert pour une gauche inflexible sur ces questions.
Plus encore depuis la catastrophe de Fukushima, les organisations politiques qui portent un projet de transformation de la société, juste socialement et responsable écologiquement, se doivent d’en tirer les conséquences concrètes dans leur programme politique et leurs mesures de transition. Or, contrairement à ce que sous-entend Mélenchon, la convergence pour la sortie du nucléaire existe tout autant que la convergence pour la sortie des énergies carbonées. Elles sont indissociables du point de vue de l’unité des mobilisations et des acteurs, comme du point de vue de la cohérence d’une transition énergétique qui remette en cause la logique de profit et de surconsommation infinie, incompatible avec les exigences environnementales et sociales.
Par son caractère intrinsèquement gaspilleur et antidémocratique, par les dangers insurmontables qu’elle représente pour les vies humaines et par les investissements très coûteux et non durables qu’elle implique, la poursuite de l’industrie nucléaire est incompatible avec la nécessaire transition énergétique radicale. La majorité des mouvements sociaux et écologistes mobilisés sur le thème de la transition énergétique allient cette double nécessité : réduction drastique de la dépendance aux énergies fossiles et sortie du nucléaire. En tant qu’organisation politique de gauche, écologiste et radicale, nous ne pouvons être en-deçà.
En ce qui concerne les modalités de ce changement, nous sommes évidemment très favorables à une campagne politique unitaire pour une transition énergétique juste socialement et durable écologiquement. L’ampleur d’une telle campagne ne peut se limiter à l’exigence d’un référendum, dont les conditions démocratiques demandent à être précisées : qui l’organise ? La question de la sortie ou non du nucléaire sera-t-elle posée ?
Lorsque nous nous sommes engagés collectivement en 2005 dans l’exemplaire campagne pour le Non au TCE, nous avions un point de vue commun à partager et une position commune à défendre. Dans le cas d’espèce, quelle(s) réponse(s) proposera le Front de Gauche à ce référendum ? Poursuite du nucléaire et mix énergétique pour le PCF ? Sortie progressive, programmée pour le PG ?
La consultation populaire ne peut être instrumentalisée pour éviter de résoudre des contradictions internes au Front de Gauche. La gravité de la situation sociale et écologique, l’angoisse légitime des populations vis-à-vis du danger nucléaire mais aussi de la précarité énergétique grandissante imposent des choix clairs, maintenant.
Aussi, le NPA répond-il bien évidemment favorablement à toute proposition pour une campagne large de convergence, de mobilisation et d’explications populaires pour une transition énergétique combinant la sortie du nucléaire, la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans une logique d’appropriation sociale des secteurs de l’énergie et de justice pour les travailleurs et la population.
Commission écologie du NPA.