Publié le Samedi 2 juillet 2011 à 18h19.

Fermons Fessenheim !

Environ 5 000 personnes, dont de nombreux Allemands, ont organisé une chaîne humaine le 26 juin autour de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, pour exiger sa fermeture. La doyenne des centrales nucléaires françaises devrait être fermée depuis plusieurs années. Alors qu’elle a connu de multiples incidents, qu’elle est située à proximité d’une faille sismique, le gouvernement vient de décider de prolonger sa durée de vie. Après trente ans de fonctionnement, l’Agence de sécurité nucléaire (ASN) a en effet approuvé le prolongement de dix ans du réacteur n° 1. Pourtant le prolongement des centrales est une cause majeure des accidents, car plus le temps passe, plus les cuves et les enceintes de confinement risquent de se dégrader. De plus Fessenheim avait présenté des défauts de revêtement dès 1999.

L’environnement international devient critique pour l’industrie nucléaire française. La sortie du nucléaire programmée en Allemagne et en Suisse, le refus massif du peuple italien de voir une relance du nucléaire isole un peu plus le gouvernement français après ses prises de position en faveur de l’atome à la suite de la catastrophe de Fukushima. Mais cette décision est lourde de sens. Besson et consorts veulent dire : oui, Fukushima a prouvé les dangers du nucléaire, et oui, nous sommes prêts à prendre un tel risque. Il faut dire que les enjeux économiques ne sont pas minces. Les prévisions financières d’EDF sont basées depuis 2003 sur une durée de vie des centrales de 40 ans. La rentabilité et les profits du fournisseur d’électricité sont au prix de ces dix ans supplémentaires de menaces.

Et après ces 40 ans, qui peut dire qu’un nouveau prolongement ne sera pas imposé, puisqu’aucun calendrier d’arrêt des centrales les plus anciennes n’est prévu ? La fuite en avant menace les populations des deux côtés du Rhin, et en premier lieu les travailleurs chargés de la maintenance de la centrale. La seule alternative afin d’assurer la sécurité est l’arrêt immédiat des réacteurs de Fessenheim et des autres centrales les plus anciennes. Pour dessiner une autre logique énergétique, cela doit être une première étape, avec l’arrêt des projets de nouveaux réacteurs. Ce n’est qu’à ces conditions qu’une planification pour la sortie du nucléaire, appuyée sur un service public des énergies, sera envisageable.