Samedi 11 décembre a eu lieu la Journée européenne contre les projets inutiles. En France, 15 000 personnes étaient rassemblées à Bayonne, 2 000 à Langon (Gironde), pour protester contre le Grand Projet sud-ouest (construction de lignes à grande vitesse devant relier Paris à Bordeaux, puis Hendaye et Toulouse). Le mardi 14 décembre, un rassemblement s’est tenu en opposition à l’inauguration de l’A65, autoroute reliant Pau et Bordeaux et vantée par le gouvernement comme un modèle d’autoroute écologique (sic). On retrouve de fortes mobilisations à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) contre la construction d’un nouvel aéroport, à Cadarache (Bouches-du-Rhône) face au projet insensé de fusion nucléaire (Iter), à Flamanville (Manche) et Penly (Seine-Maritime), sites des futures centrales nucléaires (EPR)... Tous ces projets sont indécents à plusieurs niveaux. D’abord, ils sont en complet décalage avec les enjeux historiques de sauvegarde de notre environnement : réchauffement climatique, perte de la biodiversité, pollutions radioactive et chimique... Ensuite, parce que financés par l’argent public, ces grands projets sont une insulte à l’immense majorité des gens dans la galère à qui on demande de se serrer la ceinture. Dans une période où les gouvernements, appuyés par le FMI, font subir aux populations des politiques d’austérité, il est scandaleux de voir ces dizaines de milliards d’euros mobilisés contre l’avis des usagers. Réorienter ces sommes colossales vers des équipements écologiques et socialement utiles est une évidence que seuls nos hommes d’État semblent ignorer. Enfin, ces infrastructures accentuent les inégalités, puisqu’elles ne bénéficieront qu’à la minorité de privilégiés qui pourra payer leur utilisation (péages, billets d’avion et de TGV hors de prix). D’autant plus que, dans la plupart des cas, des entreprises privées empocheront le pactole, vérifiant une fois de plus l’expression « dépenses publiques, bénéfices privés ». Le 4 décembre à Cancon (Lot-et-Garonne), les opposants à ces projets se sont retrouvés pour partager leurs expériences et élaborer ensemble des réponses justes et efficaces aux problèmes environnementaux. Le mot d’ordre de ce contre-sommet : Changeons le système pas le climat ! En effet, de plus en plus de militants écologistes, associatifs ou politiques, font l’amer constat que face au rouleau compresseur capitaliste, rien n’y fait : malgré les expertises incontestables, le nombre et l’ampleur des mobilisations, la pertinence des alternatives proposées, la marche en avant de l’appareil productiviste se poursuit au mépris de toute forme de contestation. Ainsi, le dénominateur commun de toutes ces luttes, apparu à Copenhague en 2009 et depuis lors jamais démenti, est la dénonciation d’un système autoritaire qui privilégie les profits privés et à court terme, au détriment du bien-être des populations et de leur environnement à plus longue échelle. L’enjeu est de taille : la rupture avec le capitalisme et le productivisme est une condition nécessaire à la sauvegarde d’un environnement sain, autant qu’à l’avènement d’une société plus juste. Trois axes indissociables doivent guider notre action : - Lutte défensive contre les grands projets nuisibles à l’environnement. - Lutte offensive revendiquant des mesures immédiates réduisant l’emprise du capital (comme la gratuité des besoins élémentaires : eau, énergie, transports). - Élaboration d’une nouvelle organisation de la société, démocratique, écologiste et solidaire.
Crédit Photo
Photothèque Rouge/Claude Roelens-Dequidt