Un accident nucléaire majeur, comme Tchernobyl ou Fukushima, a des effets sur d’immenses territoires, par-delà les frontières. Son ampleur et son extrême gravité, difficilement quantifiables, font qu’aucune compagnie n’en assure le risque. C’est l’État via son expert technique, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui contrôle les installations nucléaires (conception, construction, exploitation, démantèlement) et le suivi de la radioprotection.
On comprend pourquoi la suppression de l’IRSN, décidée le 3 février par Macron, inquiète les médias et au-delà. Cette mesure s’inscrit dans la loi « d’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires », prévue en mars.
Pourtant, avec ses 5 ministères de tutelle (industrie, défense, environnement, recherche, santé) et son directeur général nommé par décret, l’IRSN n’a jamais été « indépendant ». En témoignent ses avis techniques « publiables » (c’est-à-dire autocensurés) ou ses mesures de radioactivité qui minimisent les risques. Et ses rapports d’expertise sont souvent jugés gênants pour la filière nucléaire, au point d’être caviardés (passages noircis) pour les rendre illisibles. Les maillons clés de la relance du nucléaire (EPR, prolongation des vieux réacteurs, décharge radioactive Cigéo, piscine de Mox usagés à La Hague…), techniquement plombés, sont dans le viseur de l’IRSN.
Macron a donc décrété son démantèlement : un morceau à l’ASN, chapeautée par 5 commissaires (3 nommés par Macron, 2 par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat), le reste au CEA (commissariat à l’énergie atomique) — qui se contrôlera lui-même — et au fumeux délégué à la Sûreté nucléaire de défense (opacité garantie).
500 grévistes le 20 février et 600 manifestantEs devant le ministère
InforméEs par vidéo, ses 1 750 salariéEs ont découvert qu’un « chargé de démantèlement » était recruté pour s’occuper de leur cas.
Le 20 février, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT-CGC, 500 d’entre eux étaient en grève sur les 9 sites, et 300 autres ont manifesté en prenant sur leurs congés. Une centaine de grévistes ont bloqué l’entrée du CEA de Cadarache.
À Paris, 600 travailleurEs ont manifesté devant le ministère de la Transition écologique. Une colère jamais vue : nouvelle grève le 28 février ! Loin de « fluidifier les processus », cette mesure va gripper la filière et accentuer la menace d’accident nucléaire. Plus que jamais, le principal facteur de risque, c’est Macron !