La LGV a été inaugurée en juillet dans un climat général d’autosatisfaction et de congratulations, d’éditions et émissions spéciales, devant lesquels paradaient les notables locaux, Rousset et Juppé en tête, les dirigeants de la SNCF et ceux de LISEA (la société de partenariat public privé qui a financé la construction et dont les principaux actionnaires sont le groupe VINCI et la Caisse des Dépôts et Consignations).
Quelques mois plus tard, les tensions se multiplient notamment entre la SNCF d’un côté, et LISEA et la Région de l’autre. Des élus et des usagers, comme ceux d’Angoulême, protestent contre les suppressions de train au dernier moment et la diminution du nombre d’arrêts dans leurs gares.
Rousset fait savoir qu’il est en colère contre la décision unilatérale de la SNCF de passer aux horaires d’hiver, en diminuant un certain nombre de dessertes et en ne respectant plus les horaires pour les correspondances des TER qui dépendent de la Région.
Deux logiques s’opposent en réalité depuis la mise en service. D’un côté, la SNCF tire ses bénéfices de la ventes des billets et donc du taux de remplissage des TGV. D’un autre côté, LISEA tire ses profits des frais de péages payés pour chaque train utilisant la LGV. Pour LISEA, plus il y a de TGV en circulation, vides ou pleins, plus il y a d’argent qui rentre dans les caisses. Avant l’inauguration, la SNCF essayait de tirer vers le bas la décision qui fixerait le nombre de trains quotidiens, alors que Rousset et Juppé appuyaient LISEA pour qu’il y en ait le plus possible. Cette dernière option l’avait emporté, avec 35 allers-retours quotidiens. En septembre, tous se félicitaient d’une hausse de la fréquentation de +75%.
Derrière ce succès, les problèmes sont nombreux pour la SNCF. Faire circuler plus de TGV lui pose des problèmes de restructuration des gares comme celle de Montparnasse... qui a connu des pannes à répétition lié aux travaux engagés pour accueillir plus de TGV.
Cela demande aussi plus de personnel... mais la SNCF annonce plus de 2000 suppressions d’emplois pour 2018, sous prétexte d’économies, alors que les salariés dénoncent la dégradation de la maintenance du matériel et du réseau.
Et puis, l’augmentation globale du nombre de passagers cache que certains trains sont très peu remplis et qu’il y a une diminution de la rentabilité des TGV : les droits de péages coûtent chers, la concurrence des avions et des bus contraint la SNCF à ne pas augmenter les prix autant qu’elle le souhaiterait...
Les rivalités entre la SNCF et LISEA se répercutent sur les usagers et sur l’ensemble des classes populaires, dont l’argent est pompé par ces grands groupes qui tirent leur profit sur ces infrastructures utiles à tous.
F.M.