Trente ans après Tchernobyl, cinq après Fukushima, après les dizaines de milliers de mortEs et la pollution pour des milliers d’années des villes et villages, le gouvernement par la voix de Ségolène Royal annonce que la France va étendre les zones de PPI (plan particulier d’intervention) 1 de 10 à 20 km autour des 19 centrales nucléaires présentes sur le sol français...
Un message à l’usage des écologistes est nécessaire. On va donc distribuer des pilules d’iode à la population riveraine des réacteurs dans un rayon plus étendu, mais sans fermer aucune des installations vieillissantes. Jean-Claude Delalonde, président de l’Anccli (Association nationale des comités et commissions locales d’information) n’y voit d’ailleurs « qu’une annonce faite à un an des élections présidentielles. »
Pourtant, plus des deux tiers des réacteurs français ont dépassé l’âge de trente ans d’activité et seront prolongés jusqu’à 50 ans... Une situation qui fait dire à Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans un entretien au Monde, le jour même de la déclaration de la ministre : « En France, nous pouvons avoir des séismes ou des inondations supérieurs à ceux qui étaient prévus, des actes de malveillance contre une centrale… Penser que cela n’arrive qu’aux autres revient à ne pas tirer les conséquences d’un accident. Le Japon s’est fait surprendre. Gardons à l’esprit que nous pouvons aussi nous faire surprendre. »
Or les exemples de Fukushima et de Tchernobyl montrent que ce sont des zones qui dépassent les 100 km autour d’un réacteur qui sont touchées dans les heures qui suivent la catastrophe. Ainsi le 27 avril 2016, le gouvernement belge a décidé de suivre les préconisations du Conseil supérieur de la santé en passant de 20 à 100 km le rayon de distribution des pastilles d’iode. Le président de l’ASN le confirme dans le même entretien au Monde : « à terme, les plans d’urgence devront effectivement être complétés jusqu’à un rayon de 100 km, et surtout être adaptables en fonction de l’événement. »
Une décision électoraliste irresponsable
Vu les densités de population autour de nos centrales (plus de deux millions de personnes), plus qu’à Fukushima et Tchernobyl, et le risque reconnu par tous d’un probable accident nucléaire dans notre pays, une distribution d’iode aux populations est nécessaire. Mais attention, ce n’est pas parce que chacun recevra ses pilules que le risque nucléaire n’existe plus : les conséquences sanitaires, environnementales et économiques d’une telle catastrophe ne sont pas évacuées. Après Tchernobyl et Fukushima, il est donc temps d’en finir avec notre dépendance à l’atome.
C’est bien de la fermeture définitive des 19 centrales, à commencer par celles qui ont dépassé les 30 années de fonctionnement, dont il faut débattre si on veut éviter de distribuer de l’iode aux populations aujourd’hui... et devoir les évacuer définitivement et dans l’urgence demain.
Dans le cadre du débat électoral, Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, va toujours plus loin et affirmait il y a quelques jours dans le Journal du dimanche, vouloir revenir sur l’objectif gouvernemental de réduction de 75 % à 50 % de la part de l’énergie nucléaire en France d’ici à 2025 car « il n’y a pas d’alternative crédible au nucléaire »...
Vraiment, les nucléocrates sont à la masse (atomique) !
Commission nationale écologie
- 1. PPI : Le plan particulier d’intervention, conçu et rédigé par les pouvoirs publics, constitue un volet du dispositif Orsec départemental.