Le Salon de l’agriculture est chaque année l’occasion des mêmes clichés sur « la plus grande ferme de France », avec ses animaux choyés et ses produits « qualité française ». Cependant une autre image, moins diffusée mais plus conforme à la réalité, vient ternir le tableau, celle du porte-parole de la Confédération paysanne plaqué au sol par le service d’ordre de Hollande. Son crime : avoir dénoncé l’industrialisation de l’agriculture, avec son cortège de pertes d’emplois, de modernisation et d’agrandissement à outrance, de paysans en souffrance, et qui aggrave les crises environnementale et climatique. C’est bien cette agro-industrie qui est soutenu par le gouvernement, Hollande en tête. La veille de l’inauguration du salon, il s’affichait au côté de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) sur le thème de « l’agriculture et du changement climatique ». Le syndicat majoritaire souhaite « une communication positive » sur l’agriculture. Enfilant comme des perles toutes les fausses solutions au réchauffement climatique, ces tenants de l’agriculture industrielle défendent l’entrée de l’agriculture sur le marché du carbone et, sous le patronage de Monsanto et Cie, prônent de « travailler sur la génétique animale comme végétale » (comprendre sur les OGM...) en réponse à l’impact potentiel du changement climatique sur les cultures. Derrière la vitrine de la Porte de Versailles, l’enjeu est colossal. L’agriculture industrielle prétend « nourrir la planète » grâce à sa grande productivité. Un énorme mensonge. À l’échelle mondiale les petits paysans produisent plus de 70 % de la nourriture consommée en n’utilisant qu’un quart des terres cultivées et des ressources en eau, tandis que l’agriculture industrielle ne produit qu’un quart de la nourriture en immobilisant les trois quarts des ressources... Le système alimentaire industriel contribue pour près de 50 % du total des émissions de gaz à effet de serre. Pour produire une nourriture abondante et de bonne qualité tout en préservant le climat, il est urgent de sortir de l’agro-industrie et de favoriser une agriculture paysanne.
Christine Poupin