Publié le Vendredi 10 février 2012 à 16h06.

Quand les chiffres tombent... l’atome doute

Le rapport de la Cour des comptes sur le coût du nucléaire met au grand jour le vrai prix de cette énergie.Cette fois, nul ne peut considérer qu’il s’agit d’élucubrations d’écolos gauchistes : Le rapport de la Cour des comptes sur les coûts de la filière nucléaire, demandé par le gouvernement, a été rendu public le 31 janvier dernier et vient bel et bien apporter de l’eau au moulin du mouvement antinucléaire. Car ce document est une véritable mine d’informations et de conclusions inédites. C’est la première fois qu’une telle étude est rendue publique. Cela démontre, une fois de plus, le manque de démocratie et de transparence concernant cette industrie. Évidemment ce rapport est concomitant à la catastrophe de Fukushima et à la pression de l’opinion publique et du mouvement antinucléaire qui obligent les élites du pays à rendre des comptes. Un passif exorbitant…Deux remarques préliminaires pour comprendre ce document :

1) le rapport ne comptabilise que les dépenses liées au coût de la production électronucléaire civile ;2) toutes les sommes d’argent sont actualisées et données en euro pour l’année 2010.

La Cour évalue les dépenses totales effectuées depuis 1957 à 188 milliards d’euros, dont 55 pour la recherche, soit à peu près 1 milliard par an ! Et 121 pour la construction du parc nucléaire (58 réacteurs). Avec un coût unitaire au mégawatt (MW) qui ne fait qu’augmenter en fonction de l’année de construction de chaque réacteur. Pour Fessenheim, construite en 1978, le coût est de 1,07 million d’euros/MW, alors que pour la centrale de Chooz construite en 2000, le coût par MW s’élève à 2,06, du fait de l’augmentation des exigences de sécurité. ...et des coûts à venir insupportables aggravés par la crise financièreEn effet, afin que EDF et Areva puissent financer les frais colossaux, et sans cesse revus à la hausse, liés au démantèlement des centrales en fin de vie et à la gestion des déchets, un système de financement à travers l’acquisition d’actifs financiers – qui sont principalement des actions cotées en Bourse et des obligations – a été mis en place depuis 2006. Il est fondé sur la logique du capitalisme casino et la crise financière a montré le danger de ce type de placement. Comme le souligne la Cour des comptes, la crise financière et plus particulièrement la crise des dettes souveraines des pays de la zone euro remettent en cause la sûreté de ces placements. Le nucléaire coûtera encore plus cher.

Pour la maintenance des installations, EDF prévoit pour la période 2011-2025 des investissements de l’ordre de 55 milliards d’euros, soit 3,7 milliards chaque année avec un impact de 10 à 15 % sur le coût de production. Il faut y ajouter le coût unitaire des futurs réacteurs EPR compris entre 3,1 et 3,7 millions d’euros/MW avec un coût de production entre 70 et 90 euros/MWh, équivalent à celui de l’éolien selon la Cour, en réalité supérieur. Or, en 2022, 22 réacteurs arriveront en fin de vie. Si la France continue « l’aventure du nucléaire », soit ces réacteurs seront remplacés par onze EPR, une option que la Cour, dans son rapport, juge « très peu probable » car bien trop coûteuse, soit EDF demandera une prolongation de leur durée de vie.

Cela signifiera des investissements lourds pour garantir la sûreté des installations dont le danger intrinsèque est aujourd’hui reconnu.Mais selon le rapport, ni la Cour des comptes ni EDF ne sont en mesure d’en estimer le montant ! Sortons du nucléaire ! C’est possible et nécessaire !Le NPA ne cesse de le dire : le nucléaire s’avérera bientôt l’énergie la plus chère de toute l’histoire de l’humanité.Sans être aussi catégorique, le rapport de la Cour des comptes confirme que même d’un point de vue économique, le nucléaire n’est pas une solution viable. Il s’agit d’une technologie qui coûte de plus en plus cher et son prix ne fera qu’augmenter sans nous prémunir des risques. Le NPA se prononce pour une sortie du nucléaire en moins de dix ans, au travers d’un scénario faisant appel aux économies d’énergie et au développement massif des renouvelables.

Maurice, Claude et Frédéric