Le 10 février à Belfort, Macron s’est auto-félicité du rachat de l’ex-branche nucléaire d’Alstom, bradée en 2014 à General Electric alors qu’il était ministre de l’Industrie. Ridicule !
Fébrile, il a décidé en solitaire un « plan pour l’avenir énergétique de la France » : développer les EnR1, construire trois paires d’EPR et prolonger jusqu’à 60 ans et plus tous les réacteurs. Développer les EnR ? En dix ans, des 27 pays de l’UE, la France est le seul qui n’a pas atteint l’objectif fixé pour 2020 (19% d’EnR au lieu de 23 %). Le candidat Macron de 2017 voulait déjà développer les EnR « pour réduire notre dépendance au nucléaire ». Le candidat Macron de 2022 décide au contraire de « relancer le nucléaire pour garantir notre indépendance énergétique ». Encore une fake news : 100% de l’uranium est importé ! D’autant qu’un bilan sérieux du « cycle du combustible » montre que l’électricité nucléaire n’est pas « bas carbone ».
Le risque nucléaire ne protège pas du risque climatique
Cette politique erratique, irrationnelle, est surtout inefficace pour le climat. Car les chiffres le démontrent, face à l’urgence climatique le nucléaire est hors sujet : sur la planète, l'électricité ne pèse que 20% de l'énergie, l’électricité d'origine nucléaire 2% seulement2 !
Le nucléaire est aussi hors délai : les réserves exploitables d’uranium seront épuisées en 2070… avant le pétrole. Et surtout, le nucléaire est hors de contrôle : les déchets, radioactifs 100 000 ans, prolifèrent ; avec 150 installations, notre pays est bien placé pour une prochaine catastrophe.
Malgré les alertes des salariéEs3, Macron est aveuglé par un nucléaire prétendument « sûr »4. Les négationnistes5 nient deux risques majeurs : le vieillissement des installations (phénomène inéluctable) et les « facteurs humains » (80% des incidents) à l’origine des accidents de Tchernobyl et Fukushima. Un défaut détecté sur l’EPR chinois, non résolu, repousse de 6 mois la mise en service de l’EPR de Flamanville. Mais Macron veut construire d’autres EPR. Un tiers du parc EDF est à l’arrêt, dont cinq réacteurs, les plus récents, pour tuyauteries corrodées (centrales de Civaux, Chooz et Penly). Mais Macron veut prolonger les plus anciens. En « jupitérien » irresponsable, Macron devient le principal facteur de risque nucléaire en France et dans le monde. Face à ce danger grave et imminent, le NPA oppose la seule politique énergétique responsable : une société décarbonée et dénucléarisée.
Pour un monopole public de l’énergie, secteur « essentiel »
Le « quoi qu’il en coûte » est terminé… sauf pour le nucléaire, qui pompe des dizaines de milliards de fonds publics. Quant aux dividendes versés aux actionnaires EDF (22 milliards d’euros en 13 ans), ils auraient été bien utiles pour développer les EnR. Une planification écosocialiste (anticipation, délibération démocratique sur les choix sociaux et politiques) prendrait des mesures immédiates :
- abroger les dispositifs de « libre concurrence » : loi PACTE, loi NOME… et l’accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH), système quasi-mafieux qui brade aux requins du privé la production électrique des centrales EDF à un tarif privilégié (42 euros/MWh), inférieur au prix de revient (60 à 120 €/MWh)6 ;
- arrêter sous 10 ans le nucléaire civil : le scénario du NPA (141 TWh de réduction de consommation et 189 TWh de développement des EnR) permet de couvrir les besoins7 ;
- placer le secteur de l’énergie sous contrôle total des salariéEs et usagerEs sans indemnités ni rachat, en monopole public pour décider des besoins prioritaires.
La révolution énergétique, écosocialiste, est incontournable
Notre logique repose sur deux principes :
- l’énergie la moins dangereuse, la moins carbonée et la moins chère est celle qu’on ne consomme pas. La sobriété est le principal gisement de ressources énergétiques, qui reste à exploiter : arrêt des gabegies, du tout-auto, des gadgets inutiles, de l’obsolescence programmée … au profit d’appareils sobres en énergie, de l’isolation thermique, de la maîtrise de l’éclairage public, d’une politique de transports cohérente et efficace ;
- l’énergie socialement nécessaire peut et doit être couverte en quasi-totalité par des EnR, en préservant les ressources naturelles et la biodiversité : passer d’une énergie de stock (nucléaire, fossiles) à une énergie de flux (EnR).
Pour cette rupture anticapitaliste, écosocialiste, on doit désormais compter avec les mobilisations de la jeunesse et les peuples du monde entier.