Jeudi 10 septembre, Nicolas Sarkozy a rendu les derniers arbitrages sur la taxe carbone qui sera mise en œuvre en janvier 2010. Elle frappera les revenus les plus modestes et n’aura pas d’effet écologique. Une tout autre politique est nécessaire.
Le débat s’est polarisé sur le montant des augmentations. La taxe pour la consommation d’énergie fossile (gaz, essence, fioul) correspondra à 17 euros la tonne de CO2, assez loin des 32 euros préconisés par la commission Rocard. Les 1 500 entreprises françaises les plus polluantes seront exemptées de taxe sous prétexte qu’elles sont déjà soumises au système européen d’échange de quotas de CO2.
Mais on oublie de dire que leurs quotas, correspondant à des droits à polluer, leur sont remis gratuitement et que cela continuera jusqu’à au moins 2013.
L’électricité sera totalement exonérée de la taxe carbone alors que les pics de consommation, principalement dus au chauffage électrique et nécessitant des importations d’électricité d’origine thermique, sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre.
Telle qu’elle est mise en œuvre, la taxe carbone représente une attaque directe contre les classes populaires. La redistribution aux ménages se fera de manière homogène, que l’on vive des minimums sociaux ou du bouclier fiscal. Socialement injuste, elle n’est pas prévue pour aider à la conversion écologique de la société et ne sera qu’une charge supplémentaire qui pèsera sur les ménages. Pendant ce temps, Sarkozy se bat à Bruxelles pour que l’Union européenne ne chiffre pas l’aide à apporter aux pays les plus pauvres pour les aider à faire face aux changements climatiques.
Engager un mouvement de réduction des émissions de gaz à effet de serre par l’augmentation des prix revient à considérer que les ménages français sont d’incorrigibles gaspilleurs à qui il faudrait expliquer que l’énergie est un bien précieux ! La réalité est toute autre. Le nombre de foyers contraints de restreindre leur consommation énergétique de base ne fait que croître. Les besoins élémentaires en énergie, se chauffer, se déplacer, ne sont plus couverts pour de très nombreux ménages. D’après des associations, comme la Fondation Abbé Pierre, près de cinq millions de familles éprouvent des difficultés financières à se chauffer l’hiver.
Une véritable politique écologique devrait répondre aux besoins sociaux fondamentaux tout en œuvrant au rétablissement des équilibres écologiques. A la logique de la taxe nous devons opposer celle de la planification démocratique des besoins essentiels de la population. Pour rendre palpable cette perspective, nous pouvons d’ores et déjà revendiquer la gratuité des consommations énergétiques répondant aux besoins élémentaires avec la mise en place de tarifs fortement progressifs pour mettre un terme à toutes les consommations superflues. Pour mettre en œuvre une telle mesure, il faudrait revendiquer l’appropriation sociale de toutes les grandes entreprises du domaine de l’énergie (EDF, GDF-Suez, Total…) et enclencher une politique publique de développement des transports pour limiter fortement l’usage des transports routiers de marchandises et de la voiture individuelle.
La logique capitaliste et sa déclinaison libérale actuelle sont des obstacles à la mise en œuvre de politiques à la fois justes socialement et réellement efficaces pour luter contre le changement climatique. Dès maintenant, nous devons organiser l'opposition à la taxe carbone de Sarkozy et mettre en avant notre programme de rupture anticapitaliste et vraiment écologiste.
Damien Joliton