Publié le Jeudi 27 avril 2017 à 21h16.

« Attentat boursier »

Le 11 avril dernier, le bus de l’équipe de football BVP Dortmund a subi un attentat qui a blessé un joueur de l’équipe ainsi qu’un policier, juste avant le match qui devait opposer le club allemand à l’AS Monaco en quart de finale aller de la Ligue des champions. Trois bombes avaient été placées à une douzaine de mètres du véhicule, cachées dans de petits buissons. Des bombes contenant des tiges métalliques qui, si elles avaient traversé les vitres du bus, auraient pu faire un véritable carnage selon les enquêteurs. La piste islamique avait été mise en avant. Deux semaines plus tard, c’est un tout autre scénario qui s’impose. Derrière l’attentat, une opération financière assez banale !

Traditionnellement, pour spéculer sur l’évolution des cours de bourse, les financiers cherchent à avoir des informations, si possible avant tout le monde, en se les procurant par des moyens plus ou moins licites. Autre technique, encore moins honnête mais pratiquée : faire courir de fausses nouvelles susceptibles d’influencer les cours. L’auteur de l’attentat a franchi un degré supplémentaire dans la filouterie : créer un événement qui orientera la Bourse dans le sens souhaité par le spéculateur.

En effet, il avait parié sur la baisse du cours de l’action du club de Dortmund (puisque celui-ci est désormais coté en bourse, à l’instar de nombreux grands clubs de foot). Pour ce faire, il avait utilisé plusieurs comptes bancaires, et son gain aurait pu être de plusieurs millions d’euros. Pour masquer son acte, il avait pris soin de semer sur les lieux de l’attentat... trois textes visant à inciter les enquêteurs à privilégier la piste islamiste. Mais son perfectionnisme et sa soif du gain l’ont coulé : il avait loué une chambre dans le même hôtel que l’équipe de Dortmund et utilisé l’internet de l’hôtel pour passer des ordres en bourse...

« Le premier attentat boursier de l’histoire », a titré le site financier Capital. Le premier ? Pas si sûr. Les capitalistes ont déjà montré à de nombreuses reprises qu’ils ne reculaient devant aucune méthode, y compris celles susceptibles de faire couler des flots de sang pour satisfaire leur soif de profit. Sergej W., l’auteur de l’attentat, est tout juste un petit artisan du crime et de la spéculation. Il sera lourdement condamné, mais les grands malfaiteurs sont plus que jamais aux commandes.

Henri Wilno