Promesses de campagne de Macron, l’exonération de la taxe d’habitation et la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) vont finalement entrer en œuvre dès 2018. Macron en a décidé ainsi...
Lors du discours de politique générale d’Édouard Philippe à l’Assemblée nationale, l’axe du gouvernement était clair : réduire les dépenses publiques, les cadeaux fiscaux se feraient plus tard. Mais c’était sans compter sur les milieux d’affaires qui, devant une telle politique, ont fustigé dans différents médias la ligne du gouvernement, comparant même Macron à Chirac...
Il n’en a pas fallu plus pour que Macron change de cap et que le démantèlement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et l’allègement de la taxe d’habitation redeviennent des sujets d’actualité. Le jour même où l’Assemblée nationale débutait l’examen du projet de loi d’habilitation des ordonnances qui démantèlera le code du travail et augmentera la flexibilité et la précarité du plus grand nombre, le gouvernement annonçait dans le même temps le démantèlement de l’ISF qui ne concerne que les plus grosses fortunes et patrimoines.
L’une des promesses phares du candidat Macron va devenir réalité : transformer en profondeur l’ISF. Le but est clair : sortir toutes les valeurs mobilières (actions, obligations, assurance vie…) d’un ISF aujourd’hui rebaptisé « impôt sur la fortune immobilière » (IFI).
Des milliards... pour les milliardaires !
Sur les 340 000 foyers fiscaux assujettis actuellement à l’ISF, 70 % ont un patrimoine imposable compris entre 1,3 et 2,4 millions d’euros, composé à au moins 80 % d’actifs immobiliers. Mais chez les 30 % de contribuables les plus riches, la tendance s’inverse : les actifs immobiliers ne représentent plus que 20 % de leur patrimoine. Ce sont donc les plus riches des riches qui sont concernés par cette réforme. Un beau cadeau de 3 milliards d’euros que ni Sarkozy ni Hollande n’avaient osé leur offrir. Sans compter que cette réforme va entraîner le développement du contournement de l’impôt par les sociétés civiles immobilières, en transformant des valeurs immobilières en valeurs mobilières.
Parallèlement, le gouvernement a donc aussi décidé d’engager la première phase de la suppression partielle de la taxe d’habitation, qui devrait également coûter 6 milliards d’euros et qui bénéficiera avant tout aux plus aisés. Sans oublier non plus que l’une des promesses de Macron était de réformer la fiscalité du capital en instaurant un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % mettant ainsi fin à la progressivité de l’impôt sur le capital, ce qui profiterait une fois de plus aux foyers les plus aisés qui détiennent majoritairement les revenus du capital.
Une vraie politique anticapitaliste en matière fiscale serait une politique qui privilégierait les impôts directs et la progressivité de l’impôt, taxerait réellement le capital mais aussi le patrimoine, et rendrait la fiscalité compréhensible par touTEs. À l’exact opposé, sans grande surprise, Macron opte donc pour une fiscalité avantageant les plus riches, voire les milliardaires… Autant dire ses principaux soutiens. Les politiques fiscales des dernières décennies ont renforcé le côté obscur du système fiscal actuel, et ont également accentué la dégressivité de l’impôt, l’injustice fiscale. La politique de Macron va accentuer cette tendance...
Joséphine Simplon