Lundi 8 juin, le site financier Investir titrait que, pour la Bourse de Paris, le « gap » avait été comblé, ce qui veut dire que le CAC 40 est revenu au niveau d’avant le confinement. À New York aussi la Bourse atteint le niveau du début mars. Tout va bien pour les boursiers même si, de temps en temps, apparaît un petit peu de vague à l’âme car pour eux, ce n’est jamais assez : mardi 9, le CAC 40 baissait légèrement car le plan de soutien du gouvernement à la filière aéronautique n’est que de 15 milliards et non de 17 comme espéré par la finance !
Mis à part ces petites déconvenues temporaires, les Bourses prospèrent. Pourtant, la Banque de France anticipe une baisse de 10,3 % du PIB français cette année et elle n’attend pas un retour à la « normale » de l’économie avant 2022. Quant au taux de chômage, il devrait monter jusqu’à 11,8 % à la mi-2021. Au niveau mondial, toutes les institutions internationales annoncent une récession historique qui plongera des dizaines de millions de personnes dans le chômage et la misère.Et pourtant, la Bourse va bien. Certes, comme les institutions dont on vient de parler, elle s’attend à une reprise en forme de V, c’est-à-dire avec un redémarrage la croissance fin 2020 ou en 2021. Pourtant rien de plus douteux.
En fait, ce scénario optimiste est loin d’être la principale raison de l’optimisme des Bourses mondiales. Elles ont compris que les gouvernements et les banques centrales leur accordaient désormais une garantie inconditionnelle, un assurance tout risque : quoi qu’il se passe, la survie des banques et des grandes entreprises est garantie. Crédits, subventions, allègements d’impôts se déversent. De petites entreprises vont succomber ; dans certaines branches quelques moyennes ou grandes vont avoir des difficultés. Mais, pour les « gros », l’économie de marché est « socialisée », garantie par l’État. Pour la masse de la population, il n’y a pas de certitude pour le futur, mais pour les actionnaires, le beau temps est programmé.
Comme l’expliquait Bernie Sanders, l’ex-candidat aux présidentielles US : « Les super-riches […] ont usé de leur richesse et de leur pouvoir afin que le Congrès les renfloue. Pas mal comme système ! Enfin, pour ajouter l’insulte à l’injure, on nous a expliqué que non seulement les banques étaient trop grosses pour faire faillite mais que, en outre, les banquiers étaient trop précieux pour aller en prison. Les gamins arrêtés avec de la marijuana écopent de casiers judiciaires. Les patrons de Wall Street qui participent à la destruction de l’économie voient leurs salaires augmenter. Comme le disait Martin Luther King, ce système, c’est le socialisme pour les riches et l’individualisme forcené pour tous les autres. »