Publié le Mercredi 2 avril 2014 à 17h25.

La Valls des chiffres

S’il fallait une explication chiffrée à la débâcle que viennent de subir les socialistes, plusieurs indicateurs sont venus à point nommé rappeler ces derniers jours que la politique du gouvernement est entièrement tournée vers la satisfaction des intérêts patronaux. L’augmentation du nombre de chômeurs en février, publiée entre les deux tours des élections municipales, a sonné le glas de la méthode Coué gouvernementale. 31 500 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés soit un accroissement de 0,9 % sur le mois précédent et de 4,9 % en un an. À défaut d’inversion des chiffres du chômage, c’est l’aversion des couches populaires devant l’incapacité du gouvernement à apporter des solutions, c’est-à-dire à s’en prendre aux profits et à la liberté de licencier, qui s’est exprimée principalement dans l’abstention de l’électorat ouvrier.Pour parfaire le tableau, l’INSEE a publié ce lundi, au lendemain du deuxième tour et de la confirmation de la sanction du gouvernement Hollande-Ayrault, les chiffres de la dette publique pour 2013 (1 925 milliards, soit 93,5 % du PIB, en progression de 84,3 milliards par rapport à 2012) et du déficit public (représentant 4,3 % du PIB au lieu des 4,1 % attendus).Le pouvoir d’achat des ménages, quant à lui, a subi un deuxième trimestre consécutif de baisse (– 0,2 %), entraînant évidemment une diminution de la consommation.Sourd aux exigences populaires, Hollande a choisi de remplacer Ayrault par Valls. Ce faisant, il indique clairement ses objectifs. C’est la fuite en avant destinée à imposer coûte que coûte la mise en œuvre des revendications du Medef et la diminution des déficits pour satisfaire aux impératifs des traités européens, c’est-à-dire de nouvelles coupes sombres dans les budgets publics pour financer les milliards de baisse de cotisations patronales et le rétablissement des profits. Annonçant un « gouvernement de combat », n’en doutons pas contre les salariéEs et la majorité de la population, en version autoritaire sous la houlette de l’ex-« premier flic de France », ces décisions appellent une riposte d’ampleur, la construction enfin clairement assumée d’une opposition de gauche et des mobilisations dans la rue et dans les grèves. Gageons qu’un fort chiffre de manifestants le 12 avril annoncera l’inversion… du rapport de forces.

Côme Pierron