Publié le Jeudi 22 décembre 2016 à 09h04.

Le bel héritage de la reine du jambon

Quand Mme Piffaut est morte, les journaux se sont interrogés pour savoir qui allait hériter de la 135e fortune de France : on a alors parlé de son chien, puis d’une fondation... Mme Piffaut était l’unique actionnaire de Financière Turenne Lafayette, propriétaire de William Saurin, Garbit, Madrange et Paul Prédault, soit une tranche de jambon sur trois commercialisées en grande surface, 21 usines et 3 200 salariéEs. Et puis, le scandale a éclaté.

Les tenants du capitalisme nous racontent une belle histoire : le marché permet l’allocation rationnelle des ressources disponibles grâce au libre jeu de l’offre et de la demande. Chacun fait ses choix en toute connaissance de cause grâce à la concurrence et à la libre circulation de l’information. Pour s’assurer que les dirigeants d’entreprise ne maquillent pas leurs comptes, ceux-ci doivent être certifiés par des commissaires aux comptes rémunérés.

Sauf que ça ne marche pas comme ça : toutes les grandes entreprises dont il a été révélé que les comptes avaient été maquillés, avaient toutes obtenu l’aval de leurs commissaires aux comptes. Financière Turenne Lafayette en avait deux, parmi les plus prestigieux de la profession qui, année après année, ont dit amen... et encaissé leur rémunération. Sauf que deux semaines après la mort de Madame Piffaut, il apparaît que la comptabilité était truquée depuis des années. Comme le dit le journal les Échos du lundi 19 décembre : « Le groupe était volontairement cloisonné pour entretenir l’opacité. (…) Les responsables syndicaux qui ont réclamé des expertises-comptables ont fait l’objet de pressions répétées, avec menace de fermer le site sur lequel ils travaillaient ».

Mme Piffaut maquillait sa comptabilité et l’élite des commissaires aux comptes n’y voyaient rien ? Une belle illustration que ce capitalisme est bien celui des copains et des coquins. Comme l’implosion du groupe ferait mauvais genre avant les présidentielles, l’État a donc décidé de prêter 70 millions d’euros. Comme d’habitude, les contribuables et sans doute les salariéEs vont devoir payer les agissements de leurs patrons.