Un quart de la population rogne aujourd’hui sur les dépenses alimentaires : la violence alimentaire subie par des millions de personnes en France pourrait bien être un moteur supplémentaire dans le contexte de mobilisation que l’on connaît.
Les prix dans le secteur de l’alimentation ont bondi de 13,2 % sur un an, selon l’Insee. L’inflation dans ce secteur, liée à l’envolée du prix des matières premières, des emballages, du transport et de l’énergie, pourrait connaître un nouveau coup d’accélérateur dans les prochaines semaines pour atteindre les 15 % d’ici le début de l’été.
Un panier-inflation… pour les supermarchés volontaires
Face à ce risque, le gouvernement lance sa dernière idée lumineuse : un « panier anti-inflation », qui garantirait aux consommateurs un prix stable (ce qui ne signifie pas le moins cher), entre mars et juin, sur 50 produits de base. Parmi eux, cinq fruits et légumes dont trois bio, deux féculents, de la viande rouge ou blanche dont au moins une labellisée, du poisson, mais aussi des produits d’hygiène dentaire. Problème : le dispositif serait basé sur le volontariat des enseignes, qui fixeraient elles-mêmes les prix selon des modalités encore floues. Les grandes enseignes, qui continuent à engranger des profits records et cherchent à redorer leur image, n’avaient pas attendu ce projet pour mettre en place des produits à prix bloqués.
Un « gadget » aux yeux de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir : « Comment 50 produits pourraient répondre à la diversité des besoins selon les types de consommateurs ? »
Dans ce contexte, le rejet à l’Assemblée par la majorité présidentielle et des députéEs LR de la généralisation du repas à 1 euro pour tous les étudiantEs, alors qu’actuellement, seuls les boursierEs et précaires (soit 23 % des étudiantEs) peuvent en bénéficier, est symptomatique du mépris social vis-à-vis de la population.
Les 43 % d’étudiantEs qui sautent un repas par jour seront contraintEs de compter sur les épiceries solidaires et les associations, dont les distributions de repas explosent.
Vers une alimentation durable et une sécurité sociale alimentaire
La question du prix de l’alimentation doit être associée aux questions de sa qualité et de la juste rémunération des paysans et paysannes. Le RAC (Réseau Action Climat), qui a étudié pendant un an les actions des principales chaînes de supermarchés français sur l’alimentation durable et le climat, accuse l’ensemble de la grande distribution de « constituer un frein à la transition vers une alimentation durable », notamment en « incitant à la surconsommation de viande et de produits laitiers ».
Il est vital d’imposer un autre système et d’organiser une sécurité sociale de l’alimentation : mettre à la disposition de chacunE un montant mensuel alimentaire à dépenser dans des circuits proposant une alimentation bio de qualité, en garantissant une juste rémunération des producteurs.
Socialiser l’alimentation pour la sortir des logiques capitalistes, aller vers sa démarchandisation en s’appuyant sur le modèle de la sécurité sociale est un projet ambitieux, porteur d’utopie et d’espérance.
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