Publié le Mardi 16 janvier 2018 à 23h24.

L’impudence d’un bon serviteur des riches

« Ce n’est pas contradictoire de constater que cette politique avantage les plus riches et de considérer qu’elle va dans le bon sens », estime d'après le Monde l'avocat fiscaliste Michel Taly, commentant une étude de l’institut économique OFCE qui conclut que les riches vont être les grands gagnants des premières mesures fiscales de Macron.

D’après l’OFCE en effet, « les 5 % de ménages les plus aisés capteraient 42 % des gains » liés aux réformes. Et, parmi eux, les 2 % les plus riches toucheraient le jackpot car leur fortune comprend une large part de capital financier et ils sont, à ce titre, les principaux bénéficiaires de la suppression de l’impôt sur la fortune et de la mise en place du PFU (prélèvement fiscal unique), qui donne un régime fiscal très privilégié aux revenus financiers. 

De plus, l’OFCE fait remarquer que les cadeaux de Macron ont un coût. « À fin 2019, quelque 8 milliards d’euros de mesures ne sont pas encore financés. Ils le seront vraisemblablement par une réduction de la dépense publique, qui amputera le pouvoir d’achat des ménages, notamment des moins aisés (dépenses des collectivités locales, rémunération des fonctionnaires, économies sur le logement…) », explique un économiste de cet institut. Autrement dit, non seulement les revenus bas et moyens ne bénéficieront que pas ou peu des réformes de Macron mais les paieront en baisse des dépenses publiques.

Mais pour Michel Taly pas de problèmes : « la dépense publique ne peut pas être financée uniquement par les riches et les entreprises ». Comme si c’était le cas en France où la TVA, l’impôt le plus injuste, pèse lourdement sur les ménages ! Pourtant Taly est un spécialiste en fiscalité : il en a été chargé au cabinet de Michel Rocard alors Premier ministre puis a été directeur de la législation fiscale au ministère des Finances. À partir de 1995, il décide que permettre aux riches et aux entreprises d’échapper à l’impôt est plus rentable que de travailler comme fonctionnaire à le faire payer. Il devient conseiller fiscal. Il est aussi membre du bureau de la commission fiscale du Medef.

Au vu de ce CV, personne ne s’étonnera des opinions de ce bon serviteur de sa classe sociale. Mais il a au moins le mérite de laisser échapper quelques vérités alors que le gouvernement cherche à nous enfumer avec son budget censé profiter à tous les Français.